L’Art de James Cameron

La nouvelle exposition proposée par la Cinémathèque française à Paris est un must-see absolu pour les fans du génial créateur de tant de chefs d’œuvre du cinéma.

Terminator, Aliens, Titanic, Avatar. Où que soit votre préférence, la découverte des rouages de la fabrication de tous ces films est fascinante.

L’exposition donne non seulement l’occasion de retracer la carrière du réalisateur, mais aussi de suivre l’évolution d’un artiste à part entière depuis son plus jeune âge à travers les dessins, affiches et photographies qu’il a réalisé.e.s, témoins visuels d’un esprit marqué par la science-fiction et la guerre froide.

C’est à Kapuskasing au Canada que naît James Cameron en 1954, enfant il dessine beaucoup et s’intéresse à la photographie, touche à sa première caméra pour des reportages à l’école. Il s’envole pour les États-Unis dans le but d’y suivre des études supérieures en physique et une fois diplômé de l’Université d’État de Californie, c’est le cinéma qui l’occupera rapidement.

Quand j’étais enfant dans ma petite ville au Canada, je dessinais en permanence. J’étais inspiré par les bandes dessinées, les livres de science-fiction et les films que je dévorais. Je me suis toujours vu comme un illustrateur, plutôt que comme un artiste. J’utilisais mes dessins et mes peintures pour raconter des histoires. Et tout cela a été un entraînement idéal pour passer à l’art cinématographique vers la fin de la vingtaine.

James Cameron

Les dessins et peintures de jeunesse de James Cameron

La partie la plus inédite de l’exposition propose de voir plusieurs dizaines d’illustrations et permet d’assister chronologiquement à l’évolution de l’artiste en devenir. Ses inspirations sont à chercher du côté de La Guerre des Mondes, des EC Comics et de Marvel. La menace du nucléaire nourrit également son imagination et explique sa fascination pour les histoires post-apocalyptiques.

En Californie, le futur cinéaste va gagner de l’argent en dessinant des affiches de films dont plusieurs sont à voir à l’exposition de Paris; argent qui lui permettra de se consacrer à son rêve : mettre un pied dans l’industrie du cinéma. Après un premier long métrage indépendant en 1978, Xenogenesis, qui ne verra jamais le jour par manque de moyens (on peut en trouver des extraits en très mauvaise qualité vidéo sur Youtube), c’est le producteur légendaire du cinéma d’exploitation Roger Corman (décédé le 9 mai 2024) qui va le lancer professionnellement en l’engageant d’abord comme technicien en effets spéciaux, il va très vite monter les échelons passant directeur artistique, chef opérateur et enfin réalisateur. C’est ainsi que l’on retrouve son nom aux génériques de perles de séries B de science-fiction qui ont fait les beaux jours des cinémas de quartier et de la VHS : Les Mercenaires de l’Espace et La Galaxie de la Terreur. Son premier film en tant que réalisateur sera la suite du Piranha de Joe Dante, Piranha 2 en 1981.

Illustrations préparatoires de James Cameron et accessoires du film Terminator

L’expérience s’est soldée par des soucis avec la production qui a remonté le film sans lui, mais son projet suivant était déjà en gestation, un film devenu culte sur lequel il supervise tous les postes : il écrit le scénario (avec Gale Anne Hurd), dessine lui-même le storyboard et sait très bien ce qu’il veut en matière d’effets spéciaux (animatroniques, effets de plateau) qu’il confie au maître en la matière Stan Winston. On ne présente plus Terminator (1984), ce long métrage qui a rapporté treize fois sa mise au box office et lancé la carrière d’un grand réalisateur visionnaire.

Tout naturellement, le projet suivant de Cameron est la suite de Alien de Ridley Scott dans lequel la seule survivante de l’équipage du Nostromo reprend les traits de Sigourney Weaver pour un gigantesque film d’action dans l’espace, Aliens (1986) impose encore une fois une héroïne dans un rôle jusque-là dévolu aux hommes dans le cinéma d’action. Ellen Ripley, Sarah Connor, Rose DeWitt Bukater, Neytiri… on doit tous ces personnages féminins marquants aux films de Cameron, ne l’oublions pas.

Xenogenesis, le film jamais fini et Aliens

L’exposition de la Cinémathèque présente des documents inédits et absolument captivants sur ces premiers films du réalisateur : des dessins, des projets d’affiches et même des essais d’effets spéciaux expliqués en images, et des interviews par écrans interposés de Cameron lui-même.

Et puis bien sûr, l’attrait de Cameron pour les fonds marins est abordé, en premier grâce au film The Abyss qu’il réalise en 1989 et établit un premier essai d’effets numériques révolutionnaires à l’aide de morphing (4 ans avant Jurassic Park), c’est ce film qui va lui permettre de cocréer – avec son frère – une caméra spécialement conçue pour filmer sous l’eau, technologie qu’il va peaufiner pour son grand projet, on en reparle juste après. Car avant cela, le Terminator fait son grand retour dans une suite qui fera plus grand, plus fort que le premier film, c’est le Jugement Dernier sorti en 1991 et qui a écrasé toute concurrence au box-office cette année-là. Succès incontesté qui va permettre, après un intermède dans le registre de la comédie d’action avec True Lies (1994), de financer directement son projet complètement fou : revisiter le naufrage du Titanic.

Maquettes utilisées sur The Abyss, le Coeur de l’océan et les croquis du portrait de Rose dans Titanic

Ce qui motive le réalisateur à aborder la tragédie du célèbre bateau réputé insubmersible, c’est surtout de pouvoir partir à la découverte de la réelle épave en plein milieu de l’océan atlantique. Il embarque à bord d’un bateau océanographique et effectue plusieurs plongées consécutives dans un sous-marin de poche de type « Mir » afin d’approcher au plus près de l’épave. Une caméra télécommandée de son invention (toujours développée avec son frère) permet même de rentrer à l’intérieur, ce sont ces images que l’on voit dans le film de 1997, complétées par une séquence tournée avec les acteurs en studio. Un documentaire passionnant, Les Fantômes du Titanic, permettra encore de prolonger la passion du réalisateur pour ce sujet en 2003.

La partie Titanic de l’expo donne à voir quelques éléments de décor et un exemplaire du « Coeur de l’océan », collier porté par Kate Winslet alias Rose dans le film. Et surtout des croquis. Car on le sait, Cameron est dessinateur avant tout. Et c’est lui qui dessine le portrait de Rose dans le film, lorsque l’on voit la main de Jack dessiner en gros plan, ce n’est pas celle de Leonardo DiCaprio, mais bien celle du cinéaste qui apparaît à l’écran.

Avatar, ses êtres extra-terrestres et son univers criant de vérité.

Son dernier projet en date l’a occupé pendant plus d’une décennie et l’occupera encore pendant quelques années avec les suites annoncées, il s’agit d’Avatar (2009), un film-monument qui est la somme de toutes ses influences, de toutes ses recherches. Il crée une planète, une civilisation, étudie la biologie et l’anatomie et toutes les autres sciences lui permettant de donner à voir ce qu’il avait en tête depuis ses plus jeunes années, quand il se passionnait pour la science-fiction et la vie extra-terrestre.

L’expo présente beaucoup de dessins préparatoires et d’explications sur la genèse de cet univers, quelques bustes des Na’vis permettent de matérialiser ces êtres créés numériquement à l’écran et une pièce de relaxation nous invite à nous poser en immersion sur Pandora, expérience sensorielle parfaite avant de ressortir de là avec une sérieuse envie de revoir tous les chefs d’œuvre du réalisateur.

L’Art de James Cameron est à voir jusqu’au 5 janvier 2025 à Paris et est le moyen idéal de découvrir sa filmographie pour les novices et représente une plus-value énorme pour les fans déjà acquis à sa cause qui seront ébahis devant les statues grandeur nature d’un Alien, d’un modèle T-800 et d’une multitude d’accessoires et de documents de tournage nous replongeant directement dans la riche production de l’artiste pluridisciplinaire.

Le catalogue de l’exposition intitulé Tech Noir est disponible aux éditions Huginn & Munnin, avec une introduction des commissaires de l’exposition, Kim Butts et Matthieu Orléan, une préface de Costa-Gavras et un avant-propos de Guillermo del Toro.

Découvrir d’autres expositions à la Cinémathèque française.

Photos : @Simply.Mad 2024

Publié par Simply.Mad

Geek, cinéphile, fan de science-fiction et de bande dessinée. Aime un peu trop le chocolat.

3 commentaires sur « L’Art de James Cameron »

  1. Une exposition remarquable en effet, la filmo d’un des plus grands conteurs du cinéma examinée par lui-même, riche de documents rares et instructifs. J’en ai pris plein les yeux, j’y ai passé un bon moment (il faut dire qu’il y a de la matière) et je pense y revenir avant qu’elle ne quitte Paris. Depuis, je suis redescendu dans l’Abyss, une pure merveille.

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    1. Oui, la Cinémathèque s’est encore surpassée avec cette magnifique exposition, je trouve, une très belle mise en avant des talents multiples de Cameron. The Abyss, j’ai très envie de m’y replonger aussi depuis que j’ai vu l’expo !

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