Le Palmashow face aux nazis

Affiche de La folle histoire de Max et Léon

L’armistice, c’était quand ?

Le 14 juillet. D’où les feux d’armistice.

Léon (Grégoire Ludig)

Le duo de l’émission humoristique de la chaîne D8, le Palmashow, se lançait en 2016 dans un premier long métrage ambitieux. Un road movie franchouillard sur fond de seconde guerre mondiale réalisé par Jonathan Barré, avec Grégoire Ludig et David Marsais dans les rôles principaux.

La Folle Histoire de Max et Léon commence dans un bar en province où les deux compères sont habillés en soldats SS. Ils doivent s’expliquer sur leur tenue, flashback à Mâcon, en Bourgogne, en 1939 : Max (Marsais) est un gentil maladroit et Léon (Ludig) un coureur de jupons paresseux. La guerre est déclarée et ils sont mobilisés pour aller au combat. Resquilleurs de première, ils tentent de se faire réformer mais sont envoyés en formation à Charleville-Mézières. En réalité, Mâcon à l’écran prend le visage de Cuiseaux, un village du même département de Saône-et-Loire, toutes les scènes y ont été tournées autour de la place Pierre Puvis-de-Chavannes. Et les scènes dans le fort ont en fait été tournées à deux endroits différents : la citadelle de Namur en Belgique et le fort de Charlemont à Givet en France, éloignés d’une cinquantaine de kilomètres, de part et d’autre de la frontière.

D’autres scènes ont été mises en boîte en Belgique, entre autres à l’aérodrome de Temploux, à l’abbaye de Marche-les-Dames, à Couvin et à Chimay.

Le fort se fait submerger par l’armée allemande qui entre en France et nos deux nigauds s’enfuient pour échapper autant aux Allemands qu’à l’armée française. Déserteurs, ils récupèrent les uniformes et le side-car de deux soldats nazis pour retourner chez eux à Mâcon. Mais comme ils ne sont pas très doués, ils se retrouvent dans le nord à Étaples, à côté du Touquet. Là, ils tombent sur des officiers français qui leur donnent leurs uniformes et les voilà qui embarquent à leur place sur un bateau pour l’Angleterre. Alors qu’on les prend pour les deux officiers dont ils portent les uniformes, ils doivent former à Londres les recrues du FFL – les Forces françaises libres – alors qu’ils sont complètement incompétents en la matière. Ils réussissent à rester planqués outre-Manche sous leurs fausses identités jusqu’en 1941 !

Scènes de Londres tournées à Namur; film (2016) vs réalité (2021 et 2022)

Après s’être saoulés dans un bar, Max et Léon ne trouvent rien de mieux à faire que de rentrer dans les locaux de la BBC d’où Radio-Londres émet les messages codés à destination des résistants en France. Le duo s’amuse à diffuser des messages complètement improvisés.

Ensuite ils sont envoyés en Syrie en mission (le Maroc en réalité pour le tournage). Pendant ce temps-là, les deux officiers français dont ils avaient usurpé les identités se retrouvent à Londres, ce qui met Max et Léon dans le pétrin puisque leur subterfuge est découvert. Ils se font vite arrêter par les Allemands à Damas et sont envoyés dans le camp de prisonniers de Charleville-Mézières. Retour à la case départ.

Ils réussissent à s’échapper, se déguisent encore (scène du théâtre queer). Bref, ils se retrouvent cette fois en uniformes d’officiers de la Gestapo et parviennent enfin à rentrer à Mâcon… où ils sont forcés d’aider la résistance pour ne pas être arrêtés par l’armée française. Ils doivent espionner un certain Célestin (Bernard Farcy, le commissaire Gibert des films Taxi) rencontré en Syrie et qui travaille pour le gouvernement de Vichy.

Bon, après c’est un peu le bordel dans le film, Max et Léon doivent sauver leurs amis de la résistance qui sont prisonniers des collabos, l’assaut est donné au siège du commandement militaire allemand local. Pour finir, ils font tout péter et on clôt l’histoire avec Max et Léon qui prennent part au Débarquement à Sword Beach en 1944 – elle n’est pas gagnée, cette guerre, avec eux. C’est à Tréboul en Bretagne que la barge du Débarquement a été trouvée pour cette séquence du film et le tournage est passé par Douarnenez.

Outre les lieux cités précédemment, une grosse partie du film a été filmée à Namur, dans les souterrains de la citadelle, mais aussi dans deux endroits que l’on a déjà vus à l’écran dans un film sorti la même année et dont je vous ai parlé avant : Les Visiteurs : La Révolution. L’hôtel des polices transformé en Kommandantur dans le film est en réalité le Palais Provincial pour les extérieurs et le Musée des Arts décoratifs pour les intérieurs. Les deux bâtiments se trouvant dans la même rue, cela facilitait le tournage.

Le musée occupe un ancien hôtel particulier remodelé au milieu du 18e siècle et occupé par une famille d’aristocrates de la région, les de Groesbeeck (d’où l’autre nom du musée – hôtel de Groesbeeck – de Croix). La ville de Namur a acquis le bâtiment dans les années 1930 pour en faire un musée, témoignage de la vie des nantis avant la Révolution française.

La rue Fumal à Namur, la citadelle en arrière-plan; la porte du bureau de la BBC dans le film.

  • Les scènes dans la chambre que Max et Léon partagent à Londres ont été tournées dans une pièce à l’étage du Musée des arts décoratifs. Là même où une séquence des Visiteurs a été tournée (la chambre de Marat – faites attention au papier peint sur les murs dans les deux films… c’est le même !).
  • Les prises de vue des deux scènes dans la rue avec l’enseigne de la BBC sont prises dans le centre-ville de Namur, non loin du Musée des Arts décoratifs, il s’agit de la rue Fumal d’où l’on a vue sur la citadelle de l’autre côté de la Sambre. Pour l’intérieur du studio de la BBC, retour au musée, le salon du rez-de-chaussée ayant été muni d’une cloison pour la scène. Le bureau de communication / propagande de la Kommandantur est installé dans le même salon, complètement transformé par rapport à la séquence de la radio, avec des faux lambris de bois ajoutés aux murs.

Le Musée des Arts décoratifs de Namur; film (2016) vs réalité (2021)

  • Le hall d’entrée du musée avec l’escalier qui mène à l’étage est également longuement utilisé dans le film : c’est là que Célestin accueille nos deux infiltrés à la Kommandantur et c’est là aussi que plus tard le collabo Pichon (Julien Pestel) trouvera la mort, en bas de l’escalier.
  • Le bureau de Célestin est d’ailleurs installé à l’étage, quelques aménagements y ont bien sûr été faits, mais la cheminée est une bonne indication pour retrouver la bonne pièce par rapport au film.

Le Palais provincial de Namur; film (2016) vs réalité (2024)

  • Les scènes d’extérieur de l’hôtel des polices / Kommandantur sont tournées au Palais provincial de Namur. Mais n’ayez crainte, la façade n’a pas souffert de l’explosion qui y est déclenchée, c’est une maquette miniature du Palais provincial qui a été utilisée pour l’incendie 😉 Pour l’anecdote, les scènes filmées dans la cour fermée du palais ont permis de monter des drapeaux nazi sur la façade intérieure sans choquer la population locale.

Le Musée des Arts décoratifs de Namur et les pièces ayant servi au tournage du film.

J’ai pu recueillir certaines informations et prendre les photos au Musée des Arts Décoratifs de Namur lors d’une visite en 2021 dans le cadre du Festival international du film francophone de Namur (le FIFF Namur). Merci au conservateur du musée et guide pour l’occasion, Fabrice Giot, pour ce beau moment qui a ravi la cinéphile autant que l’amatrice d’histoire en moi.

Le saviez-vous ? Franck Bauer (le papa du chanteur Axel Bauer) fût le dernier speaker français à officier à Londres depuis les bureaux de la BBC, avec ces accroches devenues célèbres : « Ici Londres. Les Français parlent aux Français. » ou encore « Veuillez écouter tout d’abord quelques messages personnels. »

Vous pouvez retrouver plus d’images tirées du film La Folle Histoire de Max et Léon dans la rubrique Galerie de photos du site.

D’autres films tournés à Namur.

Photos : @Simply.Mad 2021 et 2022 (et captures d'écran du film La Folle Histoire de Max et Léon, 2016)

Publié par Simply.Mad

Geek, cinéphile, fan de science-fiction et de bande dessinée. Aime un peu trop le chocolat.

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