Rencontres au FIFF Namur 2023

Compte-rendu de deux rencontres organisées dans le cadre du FIFF Off pendant le Festival International du Film Francophone de Namur.

Cécile de France et Jaco Van Dormael, deux figures belges bien connues du septième art, sont venus à la rencontre du public du festival de cinéma de Namur à la manière d’une masterclass, revenant sur leur parcours et les films qui ont jalonné leur carrière.

Lundi 2 octobre 2023 – le lieu : la salle Tambour du Delta, Espace Culturel Provincial, qui a remplacé en bord de Sambre l’ancienne maison de la culture où la débutante Cécile de France, originaire de la région, a pris goût au théâtre. Un retour aux sources pour l’actrice, en quelque sorte.

Interview menée par le journaliste Cédric Wautier (de l’émission de la RTBF Une Brique dans le ventre) qui se souvient d’ailleurs de sa première rencontre avec la comédienne, alors adolescente, c’était lors d’une pièce de théâtre à Namur justement. 

Dans l’audience du jour, des membres de la famille et la prof de théâtre de Cécile à Namur, un moment d’émotion pudique entre les deux dames. 

Parmi les anecdotes partagées avec le public, nous avons appris que ses parents tenaient le café Le Vieux Clocher à Namur où venait régulièrement un certain Benoît Poelvoorde accompagné de Remy Delvaux, c’était juste avant de tourner le film culte C’est arrivé près de chez vous. Elle se souvient avoir été inspirée par leur exaltation à l’époque. 

À 12 ans, alors qu’elle était scolarisée à Sainte-Marie dans la capitale wallonne, elle tenait déjà le rôle principal d’une pièce de théâtre qui est restée un an à l’affiche. Elle s’était rasée la tête à la fin des représentations pour se sortir du personnage. Quelque chose qu’elle continue à faire, changer de tête grâce à une coupe, une coloration ou des rajouts selon ses envies. C’est aussi ce qui l’amuse le plus dans son métier : se déguiser, jouer avec son look. 

Elle pensait d’abord continuer ses études de théâtre à Liège, c’est son professeur d’art dramatique à l’école qui l’a poussée à tenter Paris où elle a rapidement obtenu une bourse pour suivre les cours à la Rue Blanche, surnom donné à la prestigieuse École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre; son destin était tracé. 

Au sujet de la représentation dans les films et séries : quand elle était enfant, elle était fan de films de cape et d’épée, elle devait alors s’identifier à des personnages masculins (elle cite La Tulipe Noire et Fanfan la Tulipe parmi ses préférés, une histoire de tulipes !). Maintenant les jeunes ont de la chance car les personnages de femmes sont multiples, et les minorités sont visibles. Son personnage solaire et drôle de la trilogie de Cédric Klapisch (L’Auberge espagnole, Les Poupées russes et Casse-tête chinois) était un des premiers rôles de ce type en France et elle a eu énormément de retours de femmes homosexuelles qui la remerciaient pour la façon dont elle les représentait à l’écran, et aussi car, grâce au personnage positif d’Isabelle qu’elle incarnait, elles avaient réussi à faire leur « coming out » sans trop de drame auprès de leur famille.

Au sujet du film d’horreur Haute tension (Alexandre Aja, 2003) : le maquilleur italien Giannetto De Rossi, qui avait entre autres travaillé dans les années 1980 sur Conan et Dune, s’occupait des effets de plateau, et pour la scène de la tronçonneuse, il jetait en l’air de la mie de pain trempée dans du faux sang pour imiter les chairs déchiquetées par l’engin qu’elle devait manipuler. 

Au sujet de son art : elle ne pratique pas la méthode de l’Actors studio, au contraire elle se sort de son rôle chaque fin de journée, ça n’est pas un problème pour elle de se replonger dans le rôle le lendemain. C’est plus sain de ne pas ramener un personnage à la maison, il faut scinder le travail et la vie privée. 

Au sujet de son expérience de cinéma international : elle admire la façon de travailler des Américains et des Britanniques; ils connaissent leur texte, sont toujours prêts, sont bosseurs et ne râlent pas. Clint Eastwood en particulier l’a impressionnée sur le film Au-Delà car il tourne très peu de prises, parfois c’est juste la répétition, puis il filme et garde la première prise. À l’opposé des frères Dardenne – pour qui elle a joué dans Le Gamin au Vélo – qui peuvent faire 40 prises. 

Elle choisit ses rôles uniquement en fonction du scénario, le personnage doit lui parler, elle va naturellement vers des rôles intéressants de femmes de caractère. Après le film de Clint Eastwood, elle a refusé des rôles dans des films américains tout simplement parce que le personnage qu’on lui proposait n’était pas intéressant à jouer. 

À la question de savoir si elle refera du théâtre, elle ne dit pas non, un projet pourrait voir le jour, mais elle avoue aussi apprécier les tournages car elle passe d’un rôle à l’autre, avec une pièce on garde le même personnage pendant un an si la pièce fonctionne, il faut répéter pendant longtemps. Au cinéma, un tournage dure deux mois et puis on passe à un autre rôle. 

La clé pour réussir dans ce métier : suivre son instinct, s’entourer des bonnes personnes, celles qui vous veulent du bien. Les autres, les toxiques, virez-les ! Et connaître son texte, évidemment, c’est primordial. 

Au sujet de son nouveau film Second Tour (Albert Dupontel, 2023) présenté au festival en avant-première : l’acteur/réalisateur lui a appris des choses sur son métier, une façon de jouer qu’elle avait appris à l’école mais oublié en cours de route. C’est l’histoire d’un clown blanc et de l’auguste; elle qui est de naturel rieur joue le rôle du clown blanc, le personnage austère et sévère du duo du film. Elle a dû pas mal bosser sur elle-même pour ne pas éclater de rire face au comédien Nicolas Marié et rester dans son personnage.

La sympathique comédienne belge était au Festival de Namur pour présenter un second film : Bonnard, Pierre et Marthe de Martin Provost. Avec une filmographie riche de 40 films en à peine plus de vingt ans, quelques séries de qualité (The Young Pope, Dix Pour Cent, Salade Grecque), deux César, quatre Magritte et le prix Romy-Schneider, ce qui paraît évident à l’issue de cette heure d’échange avec le public, c’est que l’actrice a gardé les pieds bien ancrés sur terre, sa simplicité et sa bonne humeur ne l’ont pas quittée. Drôle et généreuse avec son audience, sous sa diction devenue très « parisienne », il était pourtant amusant de retrouver quelques notes de son accent namurois d’origine.

Rencontre avec Cécile de France à Namur

Jeudi 5 octobre 2023 – le lieu : le grand auditoire de La Bourse. Rencontre avec Jaco Van Dormael, le réalisateur des films Toto le Héros, Le Huitième Jour, Mr Nobody et Le Tout Nouveau Testament. Le cinéaste belge était mis à l’honneur en tant que parrain du FIFF Campus.

Morceaux choisis de l’échange avec l’animateur et le public :

  • J’ai envie de commencer cette rencontre avec une phrase que vous avez dite et que je trouve vraiment intéressante et assez juste : « Beaucoup de ceux qui font des films n’ont pas encore choisi ce qu’ils feraient quand ils seront grands ».

Jaco Van Dormael : « Ouais, ouais. C’est un métier de rêveur. C’est un métier où… quand on écrit, on peut être un homme, une femme, un enfant, un vieux, un extra-terrestre ou on peut être au 16e siècle, c’est une manière de vivre un peu tout… Chaque film, c’est un peu : c’est quoi cette étrange expérience d’être en vie qu’on a tous, sans avoir de réponse, juste une hypothèse. Donc voilà… oui, je sais pas, en fait je sais pas expliquer la phrase. »

  • Justement dans vos films il y a énormément la thématique de l’enfance qui est présente. Que ce soit Toto, que ce soit Le Huitième Jour, M. Nobody ou Le Tout nouveau testament, il y a vraiment ça qui revient tout le temps. Est-ce que, quand vous écrivez, vous vous dites « je vais raconter une histoire d’un enfant qui grandit » ou autre chose, ou bien ça vient automatiquement, c’est directement dans votre tête cette thématique ?

JVD : « J’ai pas l’impression d’écrire des films sur l’enfance, personnellement, mais on me le dit souvent, donc c’est que je ne le sais pas. Le Huitième Jour, c’est pas un film sur l’enfance. Effectivement dans Mr Nobody il y a une part de ça et il y a une part de ça dans Le Tout nouveau testament. Il y a une part de ça dans Toto qui est plutôt… qu’on devient plutôt ce qu’on pensait ne pas devenir et qu’on fait tout ce qu’on pensait ne pas faire»

  • En ce qui concerne Toto le héros, c’est un film qui date de 1991, vous êtes jeune réalisateur, vous réalisez Toto le héros et là, c’est un peu une révolution en Belgique, dans le sens où avant vous, il y a rarement des films qui ont eu un tel succès. Comment vous avez pris ça en tant que jeune réalisateur ?

JVD : « Il y avait Le Maître de musique qui avait marché avant… et comment j’ai pris ça ? Ben, écoute, c’est tout à fait inattendu, hein… D’ailleurs, pour résumer le film, c’est ça, c’est tout à fait inattendu, sur le scénario de Toto le héros on disait « mais qui comprend quelque chose à cette histoire, c’est beaucoup trop compliqué ». Et puis, qui va aller voir un film avec des handicapés mentaux, quoi… Pour tous les films que j’ai faits, on m’a toujours dit que de toutes façons ça n’allait pas marcher, donc… C’est un bon signal, en général, ça veut dire que ça ne ressemble pas à un film qui a déjà été fait. Après, c’est une chance, hein… Le film aurait très bien pu passer inaperçu, le succès ou l’insuccès d’un film, c’est aussi un peu de la météorologie (…) Le succès, c’est un peu comme les restaurants, tu vois. Il y a les restaurants pleins et les restaurants vides et tout le monde veut aller dans le restaurant qui est plein et personne ne va dans le restaurant vide parce qu’on se dit que s’il est vide, c’est que c’est pas bon. Et si c’est plein, c’est que c’est bon. Et les films, c’est pareil, tout le monde va voir les films que tout le monde va voir et personne ne va voir les films que personne va voir (…) Le succès, ça n’appartient pas aux gens qui font les films, ça appartient au public et à la météorologie, quoi… et à ce qu’il y a d’autre en même temps, etc. »

  • Quelque chose de très important aussi dans votre cinéma, c’est la musique. Charles Trenet, Luis Mariano, An Pierlé pour Le Tout nouveau testament. Et bien sûr on doit parler de la bande originale de vos films. Comment est-ce que vous choisissez tout ça ?

JVD : « Certaines musiques, je les choisis déjà au niveau de l’écriture parce qu’elles font partie du scénario, la musique de Trenet, c’est déjà dans le scénario. Mais la collaboration avec un compositeur, avec un musicien, c’est la plus délicate de toutes parce que la musique a une puissance qui transforme tout. Vous changez de musique, le regard, l’image imprimée devient différente, le rythme du comédien est différent. La puissance de la musique à transformer l’image est énorme. Il faut vraiment bien choisir la personne avec qui on travaille. Quand c’était Pierre*, mon frère, je lui demandais de faire de courtes choses mais pas plus que dix secondes, juste pour qu’il ne se lance pas dans quelque chose qui ne correspondait pas à l’image, on procédait par tâtonnements. La musique, elle est toujours présente, le talent du compositeur, c’est de faire quelque chose qui est discret, parfois on ne se rend même pas compte qu’il y a de la musique, qui joue avec tout le reste, qui ne se décalque pas du reste. »

* Pierre Van Dormael, décédé en 2008, a écrit la musique de trois films de son frère (ndlr).

  • Entre Le Huitième Jour et le film suivant, vous êtes parti au théâtre, et puis vous êtes revenu vers le cinéma, vous avez fait un break ?

JVD : « Je continuerai toujours à faire des films, mais lentement. D’abord, j’ai vécu. C’est important. Sûrement j’ai passé un an ou deux à rien faire. Je ne suis pas passé professionnel, mais j’aurais pu, j’ai du talent pour ne rien faire. Et puis j’ai écrit Nobody qui était long à écrire, avec des premières versions qui faisaient 500 pages. C’était compliqué à produire, et donc ça a pris du temps aussi. Et puis un an de préparation et six mois de tournage et un an de montage… dix ans sont passés comme ça. C’était un film qui a pris du temps, c’est mon préféré, c’est celui qui a le moins bien marché et c’est mon préféré. L’affection que j’ai pour mes films est inversement proportionnelle à leur succès, c’est étrange (…) Mr Nobody a fait un flop total, il a été sauvé par le piratage petit à petit, 3 ou 4 ans après la sortie, c’est ressorti… Il y a des pays comme l’Italie où il a mis dix ans à sortir en DVD, et sans le piratage, personne ne l’aurait vu. Il est sorti en Belgique, il est un peu sorti en France et c’est tout (…) Évidemment je suis contre le piratage, sauf s’il n’y a pas moyen d’acheter. Tu vois, si t’es en Italie et qu’il n’est pas au cinéma, il n’est pas à la télévision, il n’y a pas de DVD, il vaut mieux le pirater vu qu’il n’appartient à personne. S’il n’appartient à personne, est-ce que c’est du piratage, tu vois ? »

Rendez-vous avec Jaco Van Dormael à Namur.

  • Mr Nobody je trouve que c’est un ovni extraordinaire. Ça me peine très fort qu’il n’ait pas le succès qu’il mérite. À travers des films comme celui-là (…) la structure narrative est quand même très particulière, très intéressante. (…) Sans compter que ça rejoint tout le travail de science quantique, avec les univers parallèles et le problème du temps qui est très relatif. Je me posais la question : est-ce que c’est totalement à l’écriture, ce travail-là sur la ligne du temps, ou en partie au montage ?

JVD : « Au montage, il y a eu une coupe peut-être pour une des branches, mais tout est écrit tel quel dans le scénario. Sinon, c’aurait été impossible à faire parce que tout doit être chaque fois relié, chaque scène doit amener un lien vers une autre scène qui n’a rien à voir, qui est une autre époque, un personnage différent, donc tout doit être écrit à l’avance, c’est le cas de tous les films que j’ai faits, celui-là d’autant plus parce que sinon il ne tient pas la route. C’est une structure inversée, au départ c’est un peu pour voir si ça marche, si on faisait le contraire de ce qu’on nous montre d’habitude. Dans un récit classique, toutes les scènes doivent être indispensables, chaque chose qui arrive doit avoir une cause et une conséquence claire, et la fin du film va donner un sens à tout ce qui précède. (…) Dans mon expérience, dans ma vie, les scènes les plus belles ne sont pas les plus indispensables, je connais assez peu les causes et les conséquences de ce qui m’arrive, et la fin ne va pas donner un sens à tout ce qui précède. Comment parler de cette étrange expérience d’être en vie qui est juste le contraire d’une histoire, à travers un média qui est le cinéma qui fait tout pour que les choses convergent et que les choses soient tenues dans une histoire ? Je me suis dit : au lieu d’être convergent, je vais être divergent, je vais renverser la structure, je vais être dans une divergence comme une arborescence, en me disant que ça pourrait être un film sans fin aussi, vu que rien n’est jamais terminé, mais ça correspondait bien à ma perception quelque part de cette étrange expérience d’être en vie. Tout aurait pu être tout à fait autre chose (…) Je me rends compte que là où ça allait mieux vibrer, c’est pour les gens qui sont à l’âge des bifurcations, pour les adolescents surtout, c’est eux qui ont porté par le piratage le film à travers les années car ils sont dans la bifurcation : si j’embrasse ou j’embrasse pas ce type, si je choisis de faire ça ou ça, c’est l’âge de tous les possibles. J’ai rencontré pas mal de jeunes qui m’ont dit : c’est exactement ce qui se passe dans ma tête, devoir imaginer tous les avenirs possibles et devoir faire un choix sur ces avenirs possibles. »

  • Quand avez-vous pensé à devenir réalisateur ?

JVD : « De fil en aiguille. Je voulais d’abord faire du cinéma zoologique, quand j’avais 14 ans j’allais dans la forêt, je me mettais sous des filets de camouflage, j’essayais de photographier les animaux. Et c’était toujours flou. J’avais un 500 millimètres mais qui ouvrait à 8, à l’époque il n’y avait pas de numérique, donc je n’arrivais à faire que des merles flous. Je me suis dit qu’il faudrait quand même que je travaille un peu, que j’étudie un peu comment faire. La première école que j’ai fait, c’était une école de prise de vue à Paris pour être caméraman et en même temps, je travaillais au cirque et dans le théâtre pour enfants avec des comédiens, et puis je me suis dit que je n’allais pas être caméraman, j’allais travailler avec une caméra, mais avec des acteurs qui sont plus nets que les merles, si tu lui dis : mets-toi là, il se met là, le merle jamais. Et j’avais du plaisir à travailler avec des acteurs et la caméra, et donc ça s’appelle réalisateur. (…) La maman d’un ami réalisateur était venu une fois sur le plateau et en fin de journée, elle lui a dit : non seulement tu es le seul qui reste assis et qui ne fais rien, mais en plus tu fais des commentaires sur le travail des autres ! C’est à peu près ça (…) Je ne touche pas à la caméra, c’est un caméraman qui le fait, je ne joue pas, c’est un acteur qui le fait, il y a un ingénieur du son qui prend le son, un monteur qui monte. Et moi, je fais des commentaires sur le travail des autres. Mais ils se tournent vers moi pour voir si je souris ou pour savoir si on refait la prise ou pas. »

  • La bonne nouvelle, c’est que bientôt il y a un nouveau film qui va arriver ?

JVD : « Il y a trois ans, oui. Il est un peu en retard. C’est sur les rêves. Pas d’acteurs encore, des fantômes. »

  • Vos acteurs s’amusent, pour faire le rôle de Catherine Deneuve dans Le Tout nouveau testament avec le gorille, comment est-ce que vous l’avez convaincue de cette scène qui est incroyable ? La plus grande star française, vous lui faites ce rôle et je trouve ça génial.

JVD : « Je ne l’ai pas convaincue, je lui ai envoyé le scénario, elle a dit oui. C’est qu’elle avait envie de faire un truc marrant. Je pense que ça lui faisait très plaisir et elle avait une belle connivence avec le gorille; à l’intérieur de l’automate, il y avait un type pas très grand et qui ne parlait que l’espagnol, et comme elle parle espagnol et moi non, le gorille ne comprenait rien de ce que je lui disais, donc elle traduisait pour le gorille, c’était assez rigolo. »

Vers les autres rencontres de festivals chroniquées sur le site.

Photos : @Simply.Mad 2023

Publié par Simply.Mad

Geek, cinéphile, fan de science-fiction et de bande dessinée. Aime un peu trop le chocolat.

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