
En même temps que sortait en salle le douzième long métrage réalisé par Wes Anderson, The Phoenician Scheme, une exposition consacrée à sa carrière était lancée par la Cinémathèque française à Paris au printemps dernier.
Visible jusqu’au 27 juillet 2025, je vous incite à rapidement pousser les portes du musée du cinéma pour l’y voir de vos propres yeux, expérience visuelle et sonore à vivre pour soi-même !
Le réalisateur américain est donc le sujet d’une exposition consacrée à son œuvre, il a en effet un univers si riche et singulier que cette expo fait sens : douze films en près de trente ans, cela ne semble pas énorme comme filmographie, pourtant chacun de ses films est mémorable, on ne peut pas prétendre le contraire. L’occasion de découvrir ses méthodes de travail extra méticuleuses, à commencer par ces carnets de notes très chargés, à l’écriture très serrée et pourtant très structurée – comme son cinéma.
Tout est présenté par ordre chronologique, ce qui permet de voir l’évolution de son œuvre, film après film, tout en effleurant une partie des inspirations derrière les images. Un cinéaste visuel et précis, dans sa préparation comme dans le résultat à l’écran.
Rien de plus parlant que les images, justement. En route pour la découverte !


Les carnets de notes à gauche, les photos Polaroid prises sur les tournages à droite.
L’expo propose de voir de très près des dizaines de costumes, de documents écrits, de photos de tournage, mais aussi les maquettes utilisées dans les films, les marionnettes de ses deux longs métrages en animation stop motion, Fantastic Mr. Fox et L’île aux chiens, et c’est vraiment passionnant de rentrer de la sorte dans son univers, de salle en salle.
C’est toute sa carrière qui nous est ainsi dévoilée : les premiers films des années 90 (Bottle Rocket et Rushmore) avec les amis pour la vie Owen et Luke Wilson ou Jason Schwartzman, les films de la révélation internationale (La Vie Aquatique, The Grand Budapest Hotel) jusqu’aux longs métrages plus récents (The French Dispatch et Asteroid City).




Les costumes et accessoires des films Rushmore et La Famille Tenenbaum
Artiste multidisciplinaire, Anderson confie également à nos yeux des documents originaux dessinés de sa main (scénarios, dessins préliminaires, storyboards). Il est notamment très impliqué dans la confection des fausses affiches ou couvertures de livres qui apparaissent dans ses films, par exemple les romans de Margot Tenenbaum. Ses films fourmillent d’idées et les accessoires qui sont fabriqués pour « meubler » ses décors le prouvent bien.




Les accessoires et costumes de La vie aquatique; les costumes de Moonrise Kingdom
Plus loin nous est donnée à voir la maquette du train du Darjeeling Limited, une mise en bouche avant d’être plongé.e dans la beauté des décors et des marionnettes de ses deux films en animation de volume (stop motion). Je pourrais passer des heures à observer ces petits personnages articulés aux regards si vivants. La minutie avec laquelle ils sont confectionnés est simplement de l’art avec un grand a.

Maquette du Darjeeling Limited
Les petits secrets de fabrication des équipes créatives nous sont révélés, salle après salle, film après film, des débuts tâtonnants jusqu’à la maîtrise parfaite des dernières années.





Partition du compositeur Alexandre Desplat; Marionnettes des films Fantastic Mr. Fox (2009) et L’île aux chiens (2018)
J’ai visité la Cinémathèque pour la première fois il y a 25 ans,
Wes anderson (source : la Cinémathèque française, Paris)
alors qu’elle se trouvait encore au Trocadéro, mais je l’avais déjà arpentée dans mon imagination (à travers les lettres de François Truffaut) à l’époque de l’avenue de Messine et de la rue d’Ulm – et d’une certaine manière, je relie indirectement ma propre éducation cinématographique à Henri Langlois et à ses acolytes – c’est donc un plaisir tout particulier pour moi que de participer à cette exposition, quel que soit ce que nous choisirons de présenter !
Wes Anderson possède bien sûr un sens de l’esthétique très particulier, très personnel, on reconnaît un film « Andersonien » au premier regard, et chaque film a ses codes couleurs. Impossible par exemple d’oublier la prédominance du rose du Grand Budapest Hotel, à commencer par la maquette de la façade de l’hôtel vue dans le film et réalisée par l’artiste Simon Weisse.




Costumes et accessoires du film The Grand Budapest Hotel (2014)
La minutie du réalisateur n’est pas prête de s’arrêter, il suffit de voir deux de ses derniers longs métrages, The French Dispatch et Asteroid City, et leurs accessoires respectifs créés pour les tournages et qui sont exposés à la Cinémathèque. Une multitude de détails qui passent parfois si vite à l’écran qu’on peut se demander pourquoi aller si loin dans la précision !




Costumes et accessoires du film The French Dispatch (2021)
Cette exposition représente en tout cas une expérience hors pair pour ceux qui ne se sont jamais vraiment arrêtés sur ce qui anime le réalisateur, les fans quant à eux sont convaincus d’avance, et pouvoir approcher les accessoires utilisés sur les films aura quelque chose d’émouvant pour eux, c’est évident.



Costumes et accessoires du film Asteroid City (2023)
L’expo répond à toutes les questions ou presque, on n’a qu’une seule envie en sortant, c’est rapidement se (re)plonger dans sa filmographie chamarrée et essayer de déceler les indices glissés dans les images. Comme si Wes Anderson lui-même dialoguait avec chacun d’entre nous à un niveau subliminal.
Découvrir d’autres expositions sur le cinéma.
Exposition de la Cinémathèque française en collaboration avec le Design Museum de Londres.
Photos : @Simply.Mad 2025

J’ai eu le plaisir de parcourir l’exposition il y a quelques mois, avant la sortie de The Phoenician Scheme, elle splendide en effet. La collection d’objets est impressionnante, savamment composée par Anderson lui-même semble-t-il, mais j’ai trouvé qu’il manquait un peu de profondeur, d’analyse, de mise en perspective. Et je ne parle pas de cette fenêtre astucieusement ouverte sur le couloir qui distribue les salles que l’on peut voir en fin de parcours.
Magnifique reportage.
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