
C’est un homme. Mais ses capacités sont extraordinaires.
Inspecteur Ginko (Valerio Mastandrea)
L’adaptation moderne de la bande dessinée italienne culte est passée par les rues de Bologne, entre autres, pour donner vie aux aventures très sixties du cambrioleur aux yeux perçants connu sous le nom mystérieux de Diabolik !
Créé en 1962 par les sœurs scénaristes Angela et Luciana Giussani – déjà un événement en soi alors que le métier était quasi exclusivement masculin dans le monde de la BD à l’époque – le héros à l’identité inconnue, portant justaucorps et cagoule noirs, sorte de Fantômas transalpin, est probablement le personnage dessiné italien le plus connu en Europe.
En Italie, ce type de bandes dessinées se dit « fumetti » en rapport avec les bulles ou phylactères qui font parler les personnages. Les aventures de ces héros populaires étaient publiées sous forme de magazines ou de petits formats vendus dans les kiosques à journaux. Titre-phare du genre, Diabolik est sombre et violent, l’homme masqué ne vole pas les riches pour donner aux pauvres et il ne rechigne pas à éliminer froidement les individus qui font obstacle à ses objectifs.




Un premier long métrage avait été réalisé par Mario Bava en 1968 : Danger : Diabolik ! avec John Phillip Law dans le rôle-titre et une musique concoctée par le grand Ennio Morricone.
Plus de cinquante ans plus tard, un nouveau film est porté à l’écran par une fratrie cette fois : Marco et Antonio Manetti. Deux sœurs pour créer le personnage, deux frères pour en réaliser l’adaptation ! C’est l’acteur Luca Marinelli (The Old Guard, Les Huit Montagnes) qui prête ses yeux verts pénétrants au mutique (et mythique) antihéros. À ses côtés, sa partenaire et complice Eva Kant (Miriam Leone), à leurs trousses l’inspecteur Ginko (Valerio Mastandrea).
Deux autres films ont suivi rapidement, sans l’acteur principal qui a laissé la place au moins connu et plus lisse Giacomo Gianniotti (la série Wild Cards avec Jason Priestley) – affublé, lui, de lentilles de couleur.



Les aventures de Diabolik se passent à Clerville, une ville européenne fictive. Pour le film, elle prend vie en combinant trois grandes villes italiennes : Bologne, Trieste et Milan. Un autre lieu de tournage vu en début de film se trouve à Courmayeur dans la Vallée d’Aoste (la station de ski Bellair du film).
Je vous ai ramené de Bologne les photos de deux lieux de tournage du premier film.
C’est en effet aux alentours de la Via Marconi qu’a été filmée le début de la course poursuite qui ouvre le long métrage. Diabolik au volant de sa sombre Jaguar de Type E est pris en chasse par la police. Ils débouchent à vive allure de la ruelle Giuseppe Garbinski pour continuer leur course dans la rue Guglielmo Marconi. Il m’a été assez facile de retrouver l’endroit exact car la presse locale a couvert le tournage de la scène, photos à l’appui, et avec un peu d’aide de Google Street View, il a été simple de reconnaître les immeubles aperçus dans la séquence. Il ne me restait plus qu’à me rendre sur place lors d’un passage à Bologne ! À noter qu’une scène de Diabolik 2 a également utilisé la Via Marconi.




Les rues Guglielmo Marconi et Giuseppe Garbinski à Bologne en octobre 2025
On peut imaginer le boulot qui a été nécessaire pour rendre ces deux rues très fréquentées « intemporelles » pour le film, c’est-à-dire qu’il a fallu enlever les panneaux de signalisation et enseignes des commerces trop modernes pour créer l’illusion des années 1960. Certains éléments ont dû être gommés numériquement sans doute, et en plaçant quelques véhicules d’époque qui attirent le regard pendant la séquence tournée de nuit, le tour est joué !
La séquence complète est en fait composée de rues de Bologne et de Milan en raison de la concordance architecturale de ces deux villes du nord de l’Italie. Quand Diabolik est poursuivi par les voitures de police, nous sommes à Bologne, et lorsqu’il s’en débarrasse en lâchant du gaz et que l’Inspecteur Ginko le prend en chasse, nous sommes à Milan. Défilent devant nos yeux des monuments de plusieurs quartiers centraux de la ville : Piazza degli Affari, on aperçoit furtivement la façade de La Casa degli Omenoni (un bâtiment du XVIe siècle avec au rez-de-chaussée de grandes sculptures d’hommes représentant les peuplades vaincues par l’Empire romain), façade que l’on revoit de plus près plus tard dans le film puisqu’on y place la prison où Diabolik est enfermé. La poursuite continue mais les voitures des policiers sont arrêtées par l’ennemi public n° 1 au croisement avec la Via Adalberto Catena. Ensuite on revient à Bologne où la traque de Ginko prend fin sur les hauteurs vallonnées de la ville.
Autre lieu de tournage du film à Bologne, la suite présidentielle Giambologna du Grand Hotel Majestic, un 5 étoiles qui devient à l’écran le Grand Hotel Excelsior où descend Lady Kant (scènes d’intérieur seulement car l’extérieur est en fait la façade du Palais Meroni de Milan). Hé non, je n’ai pas reçu d’invitation pour tester l’hôtel, « maledizione », comme dirait Diabolik… Pareillement, le Ministère de la Justice où se rend Lady Kant est en fait en extérieur la banque UniCredit sur la Place Thomas Edison à Milan.



Scalinata del Pincio à Bologne; film (2021) vs réalité (2025)
Second endroit où je suis passée à Bologne : l’escalier monumental Scalea della Montagnola qui mène au parc du même nom. Au milieu trône la fontana della Ninfa entourée de chevaux. Une scène du film a été tournée sur place : un travelling nous emmène du bas des escaliers jusqu’à la terrasse au niveau du parc. C’est là que l’épouse ignorante de celui qui se cache sous le masque de Diabolik se confie à une amie.




Scalinata del Pincio : l’escalier monumental qui mène au parc della Montagnola à Bologne
D’autres lieux de tournage intéressants à Bologne sont le Cimetière monumental de la chartreuse (Cimitero monumentale della Certosa di Bologna), lieu de l’exécution du diable d’homme – ou pas – mais avant cela la scène du procès a été filmée dans la vraie salle de la cour d’appel au sein du Palais de justice de Bologne.
Changement de décor dans la dernière partie du film, nous quittons la métropole pour la côte : la ville maritime de Ghenf de la BD prend un air de Trieste, à la frontière avec la Slovénie : on peut reconnaître sa gare maritime pour les extérieurs de la Banque centrale de Ghenf, victime du dernier casse fomenté par notre séduisant duo de monte-en-l’air. Finalement, le face à face entre Diabolik et Ginko a lieu à côté de la gare maritime, sur le Molo dei Bersaglieri (la jetée des bersagliers) d’où les touristes débarquent habituellement des bateaux de croisière, on peut voir en arrière-plan l’hôtel Savoia Excelsior Palace.
Plus de films tournés en Italie ?
Vous pouvez retrouver toutes les images tirées du film Diabolik dans la rubrique Galerie de photos du site.
Photos : @Simply.Mad 2025 (et captures du Blu-ray Diabolik, Metropolitan Vidéo & Rai Cinema 2021)

Ça donne envie de voir Bologne. Quant à ce Diabolik, je ne connais que la version Bava, vue il y a fort longtemps.
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Pas revu la version Bava depuis longtemps non plus. La version moderne reste plutôt fidèle à la BD, un rien kitsch.
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