Expo Werner Herzog à Amsterdam

The Ecstatic Truth.

La vérité extatique. Voilà le nom de l’exposition inédite proposée par le musée du cinéma d’Amsterdam, le Eye Filmmuseum, du 18 juin au 1er octobre 2023.

Si vous avez manqué cette chance extraordinaire de (re)découvrir le cinéma du grand réalisateur allemand, je vous dis tout !

Werner Herzog, né à Munich en 1942, réalise son premier film dès 1968, sans réelle formation (il abandonne bien vite ses études de cinéma), mais avec une passion innée qui va en faire un des grands noms du nouveau cinéma allemand. Il ne cessera ensuite d’écrire des scénarios et de réaliser des films, courts métrages et documentaires – son dernier long métrage en date, Family Romance, LLC, est sorti en 2019 et le documentaire Au cœur des volcans : Requiem pour Katia et Maurice Krafft est sorti en 2022. On l’a vu également de l’autre côté de la caméra comme acteur, dernièrement dans un épisode de la série The Mandalorian tirée de la saga Star Wars, dans laquelle il joue « le client ».

Affiches de films réalisés par Werner Herzog; Formulaire de demande de bourse aux USA; Scénarios publiés en 3 tomes.

L’exposition présentait un nombre impressionnant de documents, d’interviews filmées et de photos de tournage permettant de rentrer dans la tête du réalisateur et de se rendre compte de l’importance de son travail dans l’histoire du cinéma. À travers sa perspective du monde et la façon dont il se nourrit de tout ce qu’il voit pour écrire et réaliser ses films, on comprend mieux le concept de « vérité extatique » que Herzog utilise pour décrire son travail : il recherche la vérité à tout prix, quitte à modifier les faits pour que ses histoires ressemblent encore plus à la vérité que la réalité elle-même !

Trois réalisateurs du renouveau du cinéma allemand: Herzog, Wim Wender et Volker Schlöndorff; Isabelle Adjani entre deux prises de Nosferatu; Tournage de Bad Lieutenant : Escale à La Nouvelle-Orléans avec Nicolas Cage.

Montée en collaboration avec la Deutsche Kinemathek de Berlin, l’expo présentait également via de multiples écrans disposés sur le parcours des extraits de ses films et documentaires parmi les plus célèbres, donnant un caractère immersif à la visite. Le tournage du film Fitzcarraldo, sorti en 1982 après plusieurs années de travail en Amérique du Sud, a été particulièrement bien documenté, d’ailleurs il a donné lieu à un documentaire de type « making of » sous le titre Burden of Dreams qui rend bien compte des difficultés rencontrées sur ce film, un pari fou à la base où la mégalomanie du personnage principal joué par Klaus Kinski (et celle bien connue de l’acteur) ne fait que refléter celle du réalisateur. Collaborateurs de longue date – ils ont tourné cinq films ensemble de Aguirre la colère des Dieux à Cobra Verde en passant par le remake de Nosferatu avec Isabelle Adjani – les deux hommes avaient une relation complexe passant du respect total à la haine en bonne et due forme, leurs luttes de pouvoir ont fait les choux gras de la presse et ont inspiré à Werner Herzog le documentaire Ennemis intimes sorti en 1999.

Document de classification du film Aguirre (1972); Photos et accessoires du film Fitzcarraldo (1982).

On pouvait aussi voir les affiches des films du réalisateur et un mur était occupé par les caricatures créées par l’illustrateur allemand Reinhard Kleist qui reprennent des moments clés de la carrière de Werner Herzog : les disputes violentes avec Kinski, la fois où il a cuisiné ses chaussures après avoir perdu un pari, l’ours du documentaire Grizzly Man, etc.

Affiches des films de Werner Herzog et caricatures de Reinhard Kleist.

Un énorme travail d’archives qui mettait réellement en valeur les multiples œuvres du metteur en scène tout en nous plongeant dans sa psyché si particulière. Impossible de ne pas avoir envie de découvrir ses films après la visite, selon nos propres sujets de prédilection, car il a touché à tous les genres, traité tous les types de destins.

Quelques pièces de la collection du musée du cinéma d’Amsterdam; Cabine de diffusion de films de la cinémathèque avec quiz cinéma.

En visitant l’expo, vous avez automatiquement le droit de voir la collection permanente du musée du cinéma d’Amsterdam : quelques caméras, projecteurs et leurs ancêtres (un zootrope et un mutoscope avec un court métrage de Charles Chaplin, entre autres). Collection réduite par rapport à d’autres établissements de ce type (la Cinémathèque française, le musée de Turin…), par contre une partie que j’ai trouvée fascinante présente l’histoire de la pellicule de film à travers les époques, de 1899 à nos jours. Des morceaux de pellicules de tous les formats – 35 mm, avec bande sonore, noir et blanc, couleurs, en Cinemascope – permettent ainsi de voir la folle évolution du cinéma au cours du 20e siècle, ce format physique ayant maintenant été quasi remplacé par le numérique que l’on ne peut pas voir puisqu’il est stocké sur serveur et disque dur, il n’a donc pas de « matière ». On prend conscience en voyant cette vitrine de la beauté de la pellicule photographique et on comprend pourquoi certains grands réalisateurs l’utilisent encore (Quentin Tarantino, Christopher Nolan, Steven Spielberg, Wes Anderson…).

Au sous-sol du musée, vous pouvez littéralement vous retrouver au milieu d’images de films grâce au Film Catcher : une tablette vous permet de sélectionner des extraits à l’aide de mots clés et ils sont alors diffusés sur les multiples écrans qui tapissent la pièce du sol au plafond. Vous pouvez ensuite vous installer dans une cabine munie d’un écran et de casques audio et regarder des films entiers disponibles dans le catalogue du musée, l’option jeu permet en plus de prendre part à un quiz afin de tester vos connaissances en cinéma.

Il serait injuste de parler du musée du cinéma d’Amsterdam sans aborder l’architecture du lieu. Situé en face de la gare centrale de l’autre côté du canal Ij, sa forme assurément moderne attire le regard, vous pouvez le rejoindre en montant à bord du ferry gratuit qui fait la traversée toute la journée entre la gare et Amsterdam-Nord.

Inauguré en 2012, le bâtiment est doté d’un restaurant qui a une vue imprenable sur Amsterdam et de salles de cinéma. Le Eye Filmmuseum vaut assurément le détour si vous êtes de passage aux Pays-Bas, foi de cinéphile !

Pour revivre d’autres expositions sur le cinéma, suivez la guide.

Photos : @Simply.Mad 2023

Publié par Simply.Mad

Geek, cinéphile, fan de science-fiction et de bande dessinée. Aime un peu trop le chocolat.

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