Une énigmatique vamp à Ostende

Delhpine Seyrig dans les Lèvres Rouges

Qui pensez-vous que je suis, juste parce que mon nom est Bathory ?
Une sorte de goule ? Une vampire ?

Comtesse Bathory (Delphine Seyrig)

Les Lèvres Rouges (Daughters of Darkness, 1971). Un film d’auteur qui est très représentatif de son époque : surréaliste, osé, stylisé. Et l’une des trop rares incursions du cinéma belge dans l’horreur.

Partons sur les pas de la célèbre Comtesse Bathory en perdition à Ostende.

L’éthérée Delphine Seyrig, relookée à la Marlene Dietrich, prête toute sa sensualité au personnage de la tristement célèbre comtesse sanglante, qui tel un Dracula au féminin, se délecte du sang de ses jeunes victimes, féminines de préférence. Le réalisateur belge Harry Kümel livre une oeuvre qui a atteint un statut de film culte avec le temps, film trop méconnu encore et qui mérite pourtant qu’on s’y épanche…

Ostende, Belgique, années 70. Elizabeth Bathory, immortelle hongroise qui hante la Vieille Europe depuis des siècles, prend ses quartiers dans un hôtel de luxe de la ville côtière baignée par la Mer du Nord. Là elle va trouver ses nouvelles proies et les tourmenter dans un jeu lancinant du chat et de la souris.

La Loge des Bourgeois à Bruges, vue des canaux; vestiges du Mur de l’Atlantique à Ostende

Entièrement tourné en Belgique, et outre quelques scènes à Bruges et des intérieurs à Bruxelles (scènes à l’hôtel), les prises de vue principales se sont faites à Ostende, autour de l’établissement de luxe des Thermes qui faisait la renommée de la ville dans les années 30. De Bruges, nous voyons à l’écran une balade en barque sur les canaux de la Venise du Nord alors qu’un corps saigné à blanc est retrouvé dans une rue toute proche. La barque passe à proximité de la Loge des Bourgeois, un bâtiment historique du 14e siècle que l’on aperçoit plus longuement dans le film Bons Baisers de Bruges, le temps d’un dialogue entre Ray (Colin Farrell) et Ken (Brendan Gleeson).

La plage d’Ostende, les galeries royales et le Thermae Palace

Mais revenons à Ostende. L’hôtel thermal, renommé depuis en Thermae Palace, a perdu de sa superbe, laissé un temps à l’abandon, il est actuellement en rénovation pour enfin renaître de ses cendres. Il aurait été très malheureux de laisser se perdre un bâtiment aussi emblématique et chargé d’histoire.

Enchâssé au centre des Galeries Royales datant du tout début du 20e siècle, voulues par le roi Léopold II qui passait beaucoup de temps à Ostende, avec vue sur la digue et la longue plage, l’hôtel figure longuement dans le film de Kümel. J’ai recomposé certains plans du film lors de mon passage dans la ville balnéaire à l’automne 2020, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

Une atmosphère intemporelle règne sur les lieux lorsque vous vous promenez sous ces arcades par un temps gris (sans trop de touristes d’un jour ou d’enfants sur leurs trottinettes 😉 ), la digue a en fait très peu changé depuis le tournage du film, on peut encore reconnaître beaucoup des bâtiments aperçus au loin dans le long métrage, au-delà des galeries royales. Et c’est exactement l’impression que donne Les Lèvres Rouges quand vous le regardez, une période sans âge trahie uniquement par les vêtements et voitures très seventies. On comprend alors mieux le choix de ces extérieurs pour le film, les images sont en effet lourdes de mélancolie, sublimées par la musique de François de Roubaix.

Le Thermae Palace, ancien Hôtel des Thermes, enchâssé au milieu des Galeries Royales

Nous avons droit dans le film à un tour d’Ostende côté digue et côté campagne, mais pas côté ville. D’ailleurs, lors d’une scène – de nuit, vu le sujet du film – et sans vouloir dénaturer le fil des évènements pour ceux qui souhaitent découvrir cette petite pépite du cinéma fantastique, les protagonistes se retrouvent à creuser dans le sable à proximité des bunkers faisant partie du Mur de l’Atlantique, vestiges de l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Si le domaine de Raversijde a été transformé en musée et conserve en bon état nombreux de ces vestiges, je pense plutôt que les bunkers vus dans le film sont ceux qui se trouvent à l’autre bout de la ville, dissimulés dans les dunes. Le complexe connu sous l’appellation Halbmond (demi-lune), à côté du Fort Napoléon – lui vestige d’une autre période – est par contre fermé au public de nos jours.

Vous pouvez retrouver plus d’images tirées du film Les Lèvres Rouges dans la rubrique Galerie de photos du site.

Photos : @Simply.Mad 2009, 2016, 2019 et 2020 (et captures d'écran du film Les Lèvres Rouges, 1971)

Publié par Simply.Mad

Geek, cinéphile, fan de science-fiction et de bande dessinée. Aime un peu trop le chocolat.

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