
Cette année marque le 80e anniversaire de la libération de Paris, un épisode marquant de la Seconde guerre mondiale qui s’est déroulé du 25 au 26 août 1944, lancé par les résistants et l’armée française soutenue par les forces alliées, précipitant ainsi la débâcle nazie.
Une remarquable exposition au musée de la Libération revient sur cette page d’Histoire en parallèle du célèbre film de René Clément Paris brûle-t-il ? qui relatait les événements en 1966.
En 1944, Paris est sous le joug de l’armée allemande depuis 4 ans déjà et le Débarquement en Normandie en juin de la même année tarde à concrétiser la délivrance de la capitale, véritable symbole de l’occupation aux yeux du monde.
Paris brûle-t-il ? Quand le cinéma réinvente la Libération revient sur ces journées dans une exposition qui confronte le tournage du film de Clément et les faits historiques, seulement 20 ans après qu’ils aient eu lieu. Cette exposition donne l’occasion de redécouvrir le travail minutieux de reconstitution opéré par le réalisateur et ses équipes, en regard de la situation politique héritée de la guerre puisque le Président de la République en 1966, année de sortie du film, n’est autre que le héros de la Libération, le général Charles de Gaulle.
De plus, lorsque le film sort, le « Général » vise son second mandat à la présidence, on imagine aisément son droit de regard sur le contenu du film, d’ailleurs il est le seul personnage historique qui n’y est pas joué par un acteur, on ne l’y voit que dans des images d’archives.
Ça se passe au Musée de la Libération de Paris-musée du Général-Leclerc-musée Jean-Moulin, une exposition à voir jusqu’au 22 septembre 2024 et montée par l’historienne Sylvie Lindeperg avec la conservatrice du musée Sylvie Zaidman. Le très complet catalogue de l’expo est disponible quant à lui aux Éditions Paris Musées.
Situé place Denfert-Rochereau, face à l’entrée des Catacombes, le bâtiment qui abrite le musée a accueilli l’état-major des Forces françaises de l’intérieur (FFI) dont le colonel Rol était le chef de la région parisienne (joué par Bruno Cremer dans le film) et donc le choix naturel pour y créer ce musée (qui auparavant se trouvait à Montmartre).



L’entrée du Musée de la Libération de Paris dans le 14e arrondissement et deux acteurs célèbres du film Paris brûle-t-il ?
L’exposition temporaire consacrée tout entière au film, dont je vous parlerai d’ailleurs un jour dans ces pages, donne à voir des documents et archives inédits de la Fondation René Clément : des pages de storyboard de la main même du réalisateur (qui s’inspire directement de photos de ’44), des images de tournage, des échanges de lettres témoignant de la difficulté de mener le projet à bien et plusieurs dizaines d’objets liés à la Libération de Paris, la vraie. Le tout agrémenté d’extraits du film et d’archives de 1944 mis en regard tout au long du parcours et qui informent sur les petites adaptations faites à l’Histoire et certains choix de la production.




Les affiches internationales du film et les photos des acteurs, la carte de la libération de Paris
On apprend ainsi que certains personnages ont été effacés de l’histoire par conviction politique, que les acteurs devaient non seulement présenter une certaine ressemblance avec les personnes réelles, mais qu’ils devaient également être validés par les intéressés ou leurs survivants.
Bien sûr, le long métrage se veut une adaptation du roman de Dominique Lapierre et Larry Collins paru en 1964, et en même temps il s’agit d’une retranscription cinématographique des faits réels, ce qui explique les quelques changements opérés, à la fois pour plaire aux intéressés et au public de l’époque.
On apprend plus loin via une photo que Romy Schneider était venue pour tourner une scène avec Yves Montand et qu’elle n’a finalement pas été intégrée au film.



Storyboard du film par René Clément et invitations à l’avant-première du film
Les archives audio permettent d’entendre les voix des héros de la Libération, bien sûr également celle de René Clément, mais aussi la chanson devenue culte interprétée par Mireille Mathieu pour le film, sur une composition du grand Maurice Jarre et des paroles écrites par Maurice Vidalin.



Que l’on touche à la liberté
Paris en colère
Et Paris se met en colère
Et Paris commence à gronder
Et le lendemain, c’est la guerre
Après la visite de l’expo temporaire, la collection permanente du musée permet de se plonger dans la grande Histoire à travers le destin de deux hommes aux rôles fondamentaux dans cette page de la guerre : Jean Moulin, héros de la Résistance, et Philippe Leclerc de Hauteclocque, le général qui commandait la 2e division blindée vitale dans la libération de la capitale (interprété par Claude Rich dans le film).
Là aussi, de nombreux documents et uniformes, armes et autres objets de mémoire racontent les destins des deux hommes et leur rôle respectif dans le conflit : la résistance pour l’un et l’armée pour l’autre.



Costumes du film ou uniformes réels : Général Leclerc et G.I.
Le musée a surtout le bon goût de remettre en avant le rôle des femmes de la Résistance, trop souvent laissées dans l’anonymat après-guerre, on y découvre les portraits et actes de bravoure de deux d’entre elles en particulier : Anne-Marie Dalmaso, la volontaire qui apparaît dans le film documentaire La Libération de Paris (1944) où on la voit ramasser l’arme d’un soldat allemand tombé sous les balles – la scène est reprise quasiment à l’identique dans le film de Clément; et Madeleine Collomb, ambulancière du « groupe Rochambeau », une unité intégrée à la 2e DB du général Leclerc.
Une exposition que je vous recommande évidemment si vous êtes cinéphile, mais aussi passionné.e d’histoire, les deux angles étant largement couverts par cette plongée dans une page d’un conflit pas si éloigné dans le temps.
Découvrir d’autres expositions sur le cinéma. Les lieux de la Seconde guerre mondiale dans les films que j’ai déjà visités.
Photos : @Simply.Mad 2024

Voilà une belle idée de visite, pour moi qui serai parisien à la fin de la semaine prochaine. 🙏
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Cool! Je n’ai qu’un seul regret: ne pas avoir été au courant de la visite possible du QG en sous-sol (mal informée à l’accueil…).
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Merci pour l’info 👍
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