
L’édition 2020 a peut-être été annulée pour cause de confinement, mais l’édition 2021 du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles a bien eu lieu, même portes closes !
Virtuellement et sans tous les à-côtés fantasques qui font de ce festival bruxellois un événement que le monde entier nous envie, certes. Mais il a eu lieu et c’est le principal !
Une plateforme en ligne très aisée à utiliser, un tarif très démocratique (3 € le film ou le pack de courts-métrages), le choix des sous-titres, le fait de pouvoir regarder un film à l’heure souhaitée sans dépendre d’une programmation imposée, un catalogue de films qui présentait beaucoup d’inédits ainsi que les longs métrages qui auraient dû faire les beaux jours de l’édition 2020, des événements en ligne pour recréer du lien entre Bifffeurs… Franchement réussi pour une première, ce festival en ligne, je l’espère, a pu aider les organisateurs à se remotiver afin de continuer à nous offrir du rêve dès l’année prochaine.

J’ai bien vu passer quelques plaintes sur les réseaux concernant des petits tracas techniques (les mecs, arrêtez d’utiliser Chrome, depuis le temps qu’on vous le dit 😉 ), mais de mon côté j’ai pu connecter sans souci le PC sur la télé via un câble HDMI, l’image et le son étaient de la sorte de fort bonne qualité.
J’ai pu regarder cette année 4 films – seulement – du programme et une partie des courts-métrages. Le temps m’ayant manqué pour en voir plus, je peux en tout cas me baser sur les lauréats de cette année pour ma liste de films à voir en 2021 (Vicious Fun et Bloody Hell m’ont l’air d’être tout à fait ma tasse de thé).
C’est ainsi qu’entre le 6 et le 18 avril, j’ai pu voir, notamment grâce à un concours du Service Culturel et Scientifique de l’Ambassade d’Espagne en Belgique, la sélection espagnole composée des films suivants :
- La Vampire de Barcelone (2020) de Lluís Danés : un film d’époque qui nous fait suivre un journaliste du début du 20ème siècle dans un Barcelone recréé de toutes pièces de façon numérique, sur les traces d’une tueuse d’enfants. Un scénario peut-être un peu trop complexe pour un sujet déjà vu ailleurs (en mieux), le film vaut avant tout pour son esthétique très léchée, même si on sent parfois un peu trop les fonds verts, tourné en noir et blanc avec ça et là une touche de rouge (sang). Une atmosphère lourde autour des injustices entre riches et pauvres, des acteurs très convaincants, mais il me reste malgré tout le sentiment d’avoir vu un film d’art et d’essai… alors que je m’attendais à un film de vampire (oups).
- Ropes (aka Prey – 2020) de José Luis Montesinos : un huis clos oppressant entre une jeune femme clouée dans une chaise roulante et son chien mordu par une chauve-souris atteinte de la rage. C’est vraiment pas de bol. Et vous pouvez imaginer la suite… C’est « Cujo en moins biesse », dixit le BIFFF 🙂 Bien mené et prenant, un bon petit thriller à ne pas dénigrer. Et qui ne donne pas du tout envie de prendre un chien chez soi… ni un furet, d’ailleurs !
- The Weasels’ Tale (2019) de Juan Jose Campanella : mon coup de coeur des 3 films, cette co-production argentine est un mélange de comédie de moeurs et de thriller avec une pointe d’humour noir. On y découvre une star de cinéma à la retraite vivant dans une grande maison à la campagne avec son mari et les veufs de sa soeur et de sa meilleure amie. Tout ce petit monde fait bon ménage si ce n’est que l’actrice souhaite faire son comeback du troisième âge et qu’un couple de promoteurs immobiliers aux dents longues va se servir de cette faille pour mettre le bocson dans la maison jusque-là relativement paisible. De beaux dialogues acides entre les retraités (un ex-acteur, un ex-scénariste et un ex-réalisateur) et une ancienne vedette très finement interprétée par Graciela Borges, elle-même star de son état. Chaudement recommandé !
J’ai ensuite regardé le film coréen Hitman: Agent Jun (2020) de Won-Sub Choi, gros succès en Corée du Sud juste avant le lockdown. Séduite par son pitch – un jeune super agent secret qui se fait passer pour mort afin de réaliser son rêve de devenir dessinateur de manga – le film se révèle être une agréable réponse aux grosses productions américaines du même ordre, mélange équilibré d’action et de comédie avec un héros malgré lui qui passe du statut de quasi superhéros à celui de père au foyer qui ne parvient pas à réussir dans la vie, avec tous les tracas quotidiens qui vont de pair. Une espèce de True Lies asiatique, très sympa.






J’ai terminé le festival avec la partie courts-métrages, j’ai réussi à en caser 6 de la sélection Européenne, 1 de la compétition belge et 13 des sélections Eat my Shorts 2 et 4 (le facteur temps étant mon ennemi pour en voir plus).
Beaucoup de très bonnes choses à découvrir, j’ai vraiment apprécié le ton des courts d’animation One Left (Sebastian Doringer – Autriche) et Night Bus (Joe Hsieh – Taïwan). Les histoires de women’s empowerment telles que l’espagnol Dana (Lucía Forner Segarra) et l’américain Stuck (David Mikalson) sont particulièrement savoureuses, j’ai également apprécié le ton plus léger de courts à l’humour potache (le belge CDD: Corpus Crisis de M. Tikal, l’espagnol Plants, Monsters and Rock & Roll de Edu Marín) et la prouesse cinématographique du dystopique italien The Recycling Man (Carlo Ballauri, qui a fait appel aux services de l’actrice confirmée Virginia Newcomb et du jeune Benjamin Evan Ainsworth – le gamin flippant de la série Netflix The Haunting of Bly Manor).
Mes deux coups de coeur vont cependant au gagnant de la compétition belge, T’es Morte Hélène de Michiel Blanchart, une histoire à la Ghost qui tourne mal et dont acteurs, dialogues et mise en scène sont impressionnants de justesse – et à mon petit challenger venu du Québec, You Don’t Know Me de Isabelle Giroux et David Émond-Ferrat, ou la mésaventure ironique d’un gentil couple qui s’arrête au mauvais endroit au mauvais moment, réjouissant.
Il est toujours fascinant de se dire que parmi tous ses réalisateurs de courts se cachent peut-être de futurs grands noms du cinéma, c’est tout le mal que je leur souhaite.
Voilà pour ma chronique de ce festival particulier que j’ai hâte de retrouver « en vrai » l’année prochaine car un festival se vit en salle, au milieu d’autres passionnés. Attention, ça va couper !
Vers les autres éditions du Festival International du film fantastique de Bruxelles.
Photos : @Simply.Mad 2021