Une Amazone traverse le temps

Wonder Woman à Londres, deux fois

Sois prudente dans le monde des hommes, Diana. Ils ne te méritent pas.

Hippolyte (Connie Nielsen)

Mythologie grecque au service d’une bande dessinée qui a bouleversé le petit monde des comics en pleine Seconde Guerre Mondiale.

Première super-héroïne de l’histoire contemporaine, Wonder Woman, alias Diana l’Amazone, fait partie de la Trinité de DC Comics au même rang que Superman et Batman.

Personnage créé par William Moulton Marston, psychologue américain qui est à l’origine du polygraphe ou détecteur de mensonges (mais pas sous la forme d’un lasso magique 😉 ), Wonder Woman apparaît pour la première fois dans un titre de DC Comics en octobre 1941 avant d’avoir son propre magazine en 1942. Un film récent est consacré à Marston et à ses idées avant-gardistes quant au rôle de la femme dans la société, en cela influencé par les deux femmes avec qui il vivait une relation polyamoureuse: My Wonder Women (2017) de la réalisatrice Angela Robinson.

Le personnage a pas mal évolué au fil des décennies, mais un point qui n’a jamais changé est que la princesse Amazone n’a jamais été une demoiselle en détresse, allant à l’encontre de tous les clichés de l’époque. On peut certainement voir dans le succès des comics le fait que le public, jeune et moins jeune, masculin ou féminin, était prêt pour accepter les aventures d’une aventurière/héroïne de guerre (peut-être pas pour les mêmes raisons, pour preuve sa tenue très légère par rapport à ses super-collègues masculins, mais passons…).

Par contre, contrairement à Superman et Batman qui avaient déjà droit à leurs adaptations pour le cinéma dans les années 40, il a fallu attendre 1974 pour qu’une première production télévisée voit le jour, sans grand succès, tellement cette Wonder Woman était éloignée du personnage de papier. Un an plus tard, un nouveau script plus fidèle à la BD et une nouvelle actrice choisie, la série TV Wonder Woman déferlait sur les petits écrans avec Lynda Carter dans le rôle-titre qu’elle tint pendant 3 saisons. Véritable icône féministe des années 70, quelle petite fille de cette époque ne s’est pas essayée à tourner sur elle-même en fredonnant le générique avant de lancer son lasso imaginaire ?

Ensuite apparue plusieurs fois dans des adaptations animées (notamment interprétée vocalement par Lucy Lawless, l’interprète d’une autre princesse guerrière très connue qui doit pas mal à son aînée), un nouveau projet de série en live action est lancé en 2011, produit par l’excellent scénariste de télé David E. Kelley et avec la sculpturale Adrianne Palicki dans le costume de l’Amazone, et qui ne dépassera malheureusement pas l’étape de l’épisode-pilote, projet aussitôt abandonné.

Il faut donc attendre 2017 pour qu’enfin un film à gros budget lui soit consacré, il était temps. A noter que Warner Bros. coupait ainsi sous le pied la Marvel concurrente qui n’avait pas encore osé accorder un film en solo à l’une de ses héroïnes. Produit par Zack Snyder et réalisé par Patty Jenkins, le film assez réussi prouve ainsi qu’un film de super-héros porté par une femme peut rencontrer le succès, malgré les croyances archaïques des costumes-cravates des studios de cinéma. Modification majeure de l’histoire par rapport aux comics et à la série des années 1970, Diana participe à la Première Guerre Mondiale plutôt qu’à la Seconde, modifiant ainsi sa première apparition dans le monde des hommes.

Lorsque s’ouvre le film, nous découvrons que Diana Prince (Gal Gadot) travaille en tant que commissaire d’exposition au Louvre à Paris. Un lieu de travail prestigieux dont nous voyons effectivement les extérieurs reconnaissables entre tous: Diana longeant la grande pyramide, ensuite un van de transport sécurisé des Entreprises Wayne se gare sur l’Esplanade. Par contre, lorsque Diana déambule dans la galerie égyptienne du musée pour rejoindre son poste de travail, nous nous trouvons en fait au British Museum de l’autre côté de la Manche ! Nous découvrons alors que les agents viennent livrer un document précieux à Diana, cadeau de Bruce Wayne destiné à l’encourager à rejoindre sa future Ligue des Justiciers.

Flash-back vers l’enfance de Diana sur l’île de Themyscira (alias Paradise Island), royaume des légendaires Amazones dont la reine n’est autre que sa mère, Hippolyte (Connie Nielsen). Surprotégée par sa mère, la petite princesse profite en cachette des enseignements de sa guerrière de tante, Antiope (Robin Wright). Pour représenter ce lieu paradisiaque à l’écran, plusieurs endroits en Italie ont été utilisés: la ville de Matera et ses maisons troglodytes creusées dans la montagne, aussi des vues de la côte amalfitaine ou un peu plus loin les plages de la côte de Cilento.

Matera et la côte amalfitaine en Italie

Le balcon orné de statues avec vue magnifique sur la mer où Hippolyte discute avec sa fille appartient à la Villa Cimbrone à Ravello sur la côte amalfitaine. Vous reconnaîtrez également ce balcon dans le récent film Tenet de Christopher Nolan. La scène de la tour où se trouve l’épée tueuse de dieux Godkiller a quant à elle été tournée au Castel del Monte sur la côte adriatique.

Seconde partie du film, Diana quitte son île natale pour rejoindre le monde des hommes en compagnie de Steve Trevor (Chris Pine). Ils débarquent à Londres en remontant la Tamise pour passer sous le Tower Bridge, ce pont emblématique de la capitale britannique inauguré 24 ans plus tôt. Les artistes des effets spéciaux ont fortement transformé les bords de Tamise pour que la métropole retrouve l’état dans lequel elle était encore en 1918: polluée, terne et sale. Pareil pour la scène où l’on voit Diana et Steve se diriger vers la cathédrale Saint-Paul, la rue et ses maisons ne correspondent pas du tout à la réalité. Pour que notre princesse amazone passe plus inaperçue en ville, Steve confie à son assistante Etta (Lucy Davis) de refaire la garde-robe de la plantureuse étrangère. Si c’est dans le célèbre grand magasin Selfridges sur Oxford Street que la troupe est censée pénétrer, les intérieurs ont été filmés au Haut-commissariat d’Australie (Australia House) que vous pouvez également voir dans les films Harry Potter pour lesquels le hall au sol de marbre devient Gringotts, la banque des sorciers. Ensuite direction la Sicilian Avenue à Bloomsbury où débute une course-poursuite entre espions Nazi et notre duo Steve/Diana et c’est finalement à King’s Cross Station que nos héros embarquent pour leur voyage vers le front. Cette gare a été elle aussi rendue célèbre par les films Harry Potter puisque les départs pour Poudlard s’y font à partir du quai 9 3/4.

Ensuite l’action se déplace vers la Belgique pour rejoindre le front. Il est à regretter que la production n’ait pas du tout mis les pieds en Belgique, les scènes de combat dans les tranchées et le petit village flamand ayant été reconstitués en studio en Angleterre. Le château belge où notre héroïne tente d’approcher l’ignoble Général Ludendorff (Danny Huston) est en fait le château d’Arundel dans le Sussex, résidence des ducs de Norfolk, pour les extérieurs et Hatfield House pour l’intérieur (scène du gala).

Je me souviens d’ailleurs avoir tiqué lorsque j’ai vu le film au cinéma, n’ayant pas connaissance d’un tel château en Belgique, et si il y a bien eu un château de type normand aussi imposant sur ce territoire, il est soit en ruines ou a disparu depuis fort longtemps. Pareil pour le village flamand où l’on peut voir plusieurs enseignes de commerce en français alors que la petite guéguerre linguistique entre néerlandophones et francophones ne date pas d’hier…

Retour à Londres à Trafalgar Square à la fin du film, lorsque la fin de la guerre est déclarée et zoom sur une photo de Steve Trevor, héros tombé au combat.

Paris : Pyramides du Louvre, vue sur l’île de la Cité; Londres : Tower Bridge

Petit bonus lorsque notre héroïne bleu-or-rouge apparaît de nouveau à Londres dans le film suivant du DC Universe: Justice League. Que ce soit dans la version ciné de Joss Whedon ou dans la version télé rallongée de Zack Snyder, on peut y voir la bannière mortuaire en hommage à Superman tendue entre les deux tours du Tower Bridge, ensuite une vue aérienne nous dirige vers le Old Bailey (palais de justice) et sa statue dorée de Dame Justice sur laquelle Diana observe l’attaque en cours sous ses pieds (tout un symbole). La scène suivante, la prise d’otages et l’explosion imminente d’une bombe, a été tournée sur place quoiqu’il est plus que probable qu’une partie du décor a été construit en studio quand on voit l’étendue des dégâts causés par l’attaque.

Pour la petite anecdote, pour le film suivant Wonder Woman 1984, l’île de Themyscira déménage vers les îles Canaries.

Vous pouvez retrouver plus d’images tirées du film Wonder Woman dans la rubrique Galerie de photos du site.

Photos : @Simply.Mad 2015 et merci à ma soeur pour la photo de Matera (et captures du Blu-ray de Wonder Woman et de Justice League, HBO/Warner 2017 et 2021)

Publié par Simply.Mad

Geek, cinéphile, fan de science-fiction et de bande dessinée. Aime un peu trop le chocolat.

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