
Bonjour Paris !
On ne compte plus les films et les séries qui ont utilisé la capitale française comme toile de fond.
J’ai choisi de vous emmener cette semaine sur les traces d’une légende de la danse et d’une jeune actrice qui crève l’écran.
Drôle de Frimousse, réunissant Fred Astaire et Audrey Hepburn à l’écran, est sorti en 1957, mais l’âge d’or des comédies musicales touchait à sa fin et le film ne remporta pas le succès escompté. C’est seulement quelques années plus tard, après le succès au box office de My Fair Lady, qu’une ressortie en salles permit au film de toucher son public. Contrairement à My Fair Lady où elle est doublée, c’est réellement Audrey Hepburn que l’on entend chanter ici, et qui a aussi l’occasion de démontrer sa formation de danseuse de ballet.
Drôle de Frimousse (Funny Face en V.O.) est le 6ème grand rôle de Miss Hepburn pour le grand écran, révélée par Vacances Romaines et Sabrina, le premier lui a valu un Oscar, un BAFTA et un Golden Globe de la meilleure actrice – on peut difficilement faire mieux pour débuter.
Le titre et certaines chansons du film proviennent d’un spectacle porté par Fred Astaire et sa soeur Adele en 1927, ils étaient à l’époque les grandes stars de Broadway et avaient déjà collaboré à plusieurs reprises avec le compositeur George Gershwin et son frère Ira, le parolier de bien des standards du genre comédie musicale. Trente ans plus tard, pour la transposition à l’écran, Astaire rempile mais l’histoire en est totalement modifiée. Seules les chansons Funny Face, Let’s Kiss and Make up, He Loves and She Loves et le grand classique ‘S Wonderful sont reprises.



Le tournage a eu lieu principalement en studio à Los Angeles et évidemment en décors naturels pour les scènes extérieures à Paris, c’est un peu la raison pour laquelle nous sommes là 😉
Aux côtés de Astaire et Hepburn, on retrouve aussi au casting la coach vocale de la MGM Kay Thompson dans l’une de ses très rares apparitions à l’écran; elle est également l’auteur d’Eloise, héroïne de livres pour enfants assez populaire outre-Atlantique. Le photographe Richard Avedon, star des couvertures des magazines Harper’s Bazaar et Vogue à l’époque, a réalisé plusieurs photos que l’on peut voir dans le film, dont le portrait en gros plan d’Audrey Hepburn.
Après les scènes d’introduction dont l’action se passe à New York, notamment à Greenwich Village (mais filmées dans les studios de la Paramount), la troupe débarque à Paris via l’aéroport d’Orly pour préparer un défilé dans une grande maison de mode. Alors que chacun joue les touristes dans un quartier différent de la ville lumière (Montmartre pour l’une, Place Vendôme pour l’autre et les Champs-Elysées pour lui), tout le monde se retrouve à la Tour Eiffel. Tout y passe comme monuments-repères dans cette séquence qui nous emmène aussi sur les toits de Paris dans un numéro chanté resté un grand classique du genre (« Bonjour Paris ») : la Basilique du Sacré-Coeur, Notre-Dame, l’Arc de Triomphe, l’Opéra et la rue de la Paix.




Arc de Triomphe, Basilique du Sacré-Coeur, à l’assaut des escaliers vers la basilique, Tour Eiffel
Plus tard, les séances photos donnent lieu à de très jolies séquences de prise de vue dans et aux alentours de Paris, Audrey Hepburn plus sublimée que jamais dans ces portraits passés à la postérité.
La scène avec les ballons colorés devant l’Arc de Triomphe du Carrousel du Louvre, l’adieu brumeux sur les quais de la gare du Nord, la descente du grand escalier d’apparat de l’Opéra Garnier, la partie de pêche sur une péniche remontant la Seine au niveau de l’île de la Cité et du Pont des Arts.
On se déplace ensuite de nuit dans les jardins du château de Versailles où notre mannequin pose avec une colombe prête à s’envoler devant la fontaine de Latone. La scène la plus connue, même de ceux qui n’ont pas vu le film, est sans aucun doute celle au musée du Louvre, dans l’escalier dominé par la statue La Victoire de Samothrace datant du 2ème siècle avant J-C. Vêtue d’une magnifique robe rouge flamboyant, Audrey descend l’escalier faisant voler son grand foulard fluide derrière elle. Vous connaissez la scène, j’en suis sûre !



La toute dernière séquence filmée en France nous emmène au Château de la Reine Blanche, à Coye-la-Forêt dans l’Oise, à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Logé au sein du Domaine de Chantilly, au bord des étangs de Commelles, le petit édifice que l’on présente en tant qu’église dans le film est en réalité la Loge de Viarmes construite au 13ème siècle et fortement modifiée en 1828 par le Prince Louis VI Henri de Bourbon-Condé qui en fait un pavillon de chasse. Classé bâtiment historique, le nom de château de la Reine Blanche lui viendrait de Blanche de Castille, d’après la légende.
On peut voir l’ancien viaduc ferroviaire de Commelles en arrière-plan des deux séquences du film tournées ici, celui-ci a depuis été détruit et remplacé par un viaduc moderne.
Les scènes d’intérieur à Montmartre et ailleurs à Paris – le café où se retrouvent les membres du courant « empathicaliste » (moquant gentiment l’existentialisme), la chambre de notre héroïne qui donne sur une cour intérieure, l’appartement du professeur Emile Flostre (Michel Auclair), le lieu du défilé de mode – ont évidemment été tournées en studio à Hollywood.




L’arc de triomphe du Carrousel, la Victoire de Samothrace, le Louvre, la fontaine de Latone à Versailles
Le réalisateur du film est Stanley Donen, lui-même chorégraphe à la base et à qui l’on doit entre autres les grands classiques musicaux Un Jour à New York et Chantons sous la Pluie, mais aussi quelques comédies typiques des années 1960 dont le meilleur exemple reste Charade, mettant de nouveau en scène Audrey Hepburn, cette fois aux côtés de Cary Grant. Donen fait preuve d’inventivité en utilisant le split-screen, les ralentis et arrêts sur image, ou encore des couleurs très vives qui subliment les prises de vue.
Voilà, j’espère vous avoir donner envie de découvrir ou de revoir ce joli film qui n’a pas trop mal vieilli. Comédie romantique doublée de numéros dansés et chantés qui donnent autant d’importance à l’écran à ses deux vedettes, le type de film qui met du baume au coeur, impossible de ne pas en fredonner les mélodies ensuite. Un bonbon rose, comme la chanson « Think Pink », à savourer sans vergogne.
Toujours plus de Paris, c’est par ici ! Et là pour d’autres articles sur Audrey Hepburn !
Vous pouvez retrouver toutes les images tirées du film Drôle de Frimousse dans la rubrique Galerie de photos du site.
Photos : @Simply.Mad 2014, 2015 et 2017 et @Karin 2015 (et captures du DVD de Drôle de Frimousse, Paramount 2001)