
Agenouille-toi devant Zod !
Général Zod (Terence Stamp)
Superman, je suis tombée dedans quand j’étais petite, comme on dit.
Je me devais donc de couvrir au moins une des adaptations du plus grand de tous les héros !
Petit tour des lieux de tournage de Superman II avec Christopher Reeve.
« Vous allez croire qu’un homme peut voler » disait l’affiche du premier film consacré à Superman en 1978. Le premier, vraiment ? Pas tout à fait.
Rapide historique des adaptations « live » du super-héros en slip rouge sur collant bleu :
- 1948 : l’Homme d’Acier apparaît pour la toute première fois en chair et en os sur le grand écran dans un « serial » (l’ancêtre des séries TV). Kirk Alyn endosse la cape et Lois Lane prend les traits de Noel Neill. Le duo se retrouvera pour une seconde aventure à chapitres en 1950, ce sera Atom Man vs. Superman.
- 1951 : sortie du premier long métrage consacré au fils de Krypton, Superman et les Nains de l’enfer met en scène George Reeves dans le rôle-titre au côté de Phyllis Coates dans celui de Lois Lane.
- Dans la foulée du film, une série TV est lancée avec les mêmes acteurs et commence à être diffusée en 1952, Les Aventures de Superman. Phyllis Coates quitte la série à la fin de la première saison et est remplacée par Noel Neill pour les saisons suivantes. La série passe du noir et blanc à la couleur à mi-chemin des 6 saisons au total.
- Il faut ensuite attendre 20 ans pour qu’un film d’envergure retente l’expérience à grand renfort d’effets spéciaux : Superman le Film présente en 1978 l’incarnation parfaite du super-héros sous les traits de Christopher Reeve qui retrouvera à 4 reprises le costume qui lui sied particulièrement (jusqu’en 1987). Margot Kidder interprète avec un talent égal une Lois Lane à l’humour cinglant.
- Clark Kent est rajeuni et opère à Smallville sous le nom de Superboy dans la série du même nom entre 1988 et 1992, d’abord incarné par John Haymes Newton et ensuite par Gerard Christopher.
- Loïs et Clark : Les Nouvelles Aventures de Superman donne la part belle au journaliste Clark Kent (Dean Cain, Supergirl) qui fait toujours équipe avec Lois Lane (Teri Hatcher, Desperate Housewives) au Daily Planet. Lancée en 1993, la série a rencontré un vif succès 4 saisons durant.
- Retour à Smalville en 2001 pour une série qui permit à Clark Kent de passer de l’adolescence à l’âge adulte le temps de 10 saisons pleines de rebondissements, le héros a ici le visage de Tom Welling (Lucifer).
- 2006 : le réalisateur Bryan Singer (X-Men, The Usual Suspects) se fait plaisir en concrétisant une suite directe à Superman II (ignorant ainsi les événements des deux films suivants) : Brandon Routh (Legends of Tomorrow) se glisse dans la tenue moulante du Kryptonien pour Superman Returns.
- 2013 : Christopher Nolan (Batman Begins, Inception) à la production, Zach Snyder (Watchmen, Army of the Dead) à la réalisation, Henry Cavill et Amy Adams dans les rôles principaux, Man of Steel déboule sur nos écrans, suivi de Batman v Superman : L’Aube de la Justice en 2016 et de Justice League en 2018 (quoiqu’il vaut mieux ignorer la version cinéma remontée par Joss Whedon pour lui préférer la version ultime concoctée par Snyder en 2021).
- On peut apercevoir Superman en invité dans la série Supergirl (6 saisons depuis 2015), il a cette fois le visage de Tyler Hoechlin (Teenwolf) qui a su convaincre suffisamment pour obtenir une série dérivée. Superman and Lois a été lancée en 2021 et met en lumière une période jamais traitée à l’écran jusqu’alors : la vie de parents de Clark et Lois (Elizabeth Tulloch, Grimm).
Voilà pour l’intro, place à l’action avec Superman II (1980).
Suite directe du premier film avec Christopher Reeve, les deux longs métrages ont en fait été tournés simultanément – non pas à la suite comme c’est parfois le cas avec les films en deux parties ou plus, mais bien en même temps. Ce qui veut dire qu’un jour, les acteurs tournaient une séquence du premier film et que le lendemain, ils pouvaient devoir se glisser dans la peau de leurs personnages dans le second film ! Un vrai casse-tête logistique pour la production et une gageure pour les comédiens qui devaient avoir en tête l’évolution de leur personnage selon la scène à jouer.
Deux réalisateurs pour deux montages
D’ailleurs, tout ne se passa pas bien sur le tournage : les interventions intempestives des costumes-cravates des studios dans le processus créatif d’un film ne datant pas d’hier, Superman lui aussi en a fait les frais, ou plutôt son réalisateur Richard Donner. Alors que le premier film était mis en boîte et que le tournage du second touchait à sa fin – avec moult retards et dépassements de budget, il est vrai – la Warner Bros. jugea la suite insatisfaisante et renvoya Donner pour le remplacer quelques mois plus tard par un autre Richard : Lester (Quatre Garçons dans le Vent, Les Trois Mousquetaires). Ce dernier fit abstraction de certains développements prévus par Donner, notamment dans la relation entre Clark et Lois (ajoutant le tristement fameux nouveau « pouvoir hypnotique » de Superman), il ajouta principalement une scène d’action en début de métrage (la séquence de la tour Eiffel) et allégea l’histoire en insérant des notes d’humour nettement moins fines que celles lancées par Donner. Ce changement est d’autant plus aberrant que lorsque le premier film (réalisé par Donner) sortit au cinéma en décembre 1978, il fracassa le box office mondial, devenant le premier blockbuster de super-héros de l’histoire du cinéma. Les fans inconditionnels – dont je fais partie – ont finalement eu l’occasion de voir le montage original prévu par Richard Donner lors de la sortie en DVD de l’intégrale de Superman en 2006. On peut ainsi voir réapparaître certaines scènes tournées par Marlon Brando et disparues de la version Lester suite à un procès que Brando intenta aux producteurs. Pour la petite histoire, Brando obtint à l’époque le cachet le plus élevé jamais touché par un acteur… pour à peine quelques minutes à l’écran.


Pour grimper au sommet de la Tour Eiffel, deux choix s’offrent à vous : les volées d’escaliers ou l’ascenseur !
Le film s’ouvre donc sur l’esplanade du Trocadéro à Paris où Lois Lane (Margot Kidder) court au devant du danger alors qu’une prise d’otages a lieu à la Tour Eiffel et qu’une bombe menace d’exploser à tout moment. Évidemment, Superman veille au grain et vient sauver tout le monde, non sans avoir secoué le sommet de la tour et son antenne avant d’emmener l’ascenseur et son engin explosif dans l’espace !
Retour à New York dont les rues et buildings bien connus doublent le Metropolis de la bande dessinée, c’est l’immeuble du News Building à Manhattan qui sert de décor au fictif Daily Planet. La façade Art déco et le globe géant qui trône à l’entrée sont des vestiges de la grande époque du journal Daily News, longtemps l’un des plus importants aux Etats-Unis, qui occupa le bâtiment jusqu’au milieu des années 1990. Et la porte tambour de l’entrée principale est le lieu de scènes comiques pour Clark/Superman 😀


1999 : Manhattan vue de l’Upper Bay ; Vue depuis l’Empire State Building : l’ile Roosevelt, l’East River et le pont de Queensboro
Les principales prises de vue pour les deux films se sont déroulées aux studios Pinewood en Angleterre où les bureaux du Daily Planet, la Forteresse de Solitude et l’intérieur de la Maison Blanche furent construits, entre autres. Même une rue entière de Metropolis fut dupliquée en miniature et permettait dès lors les destructions massives provoquées par le combat entre Superman et ses ennemis. Toujours selon le principe du mimétisme entre New York – la réelle – et Metropolis – la fictive – la bagarre amène à détruire deux monuments célèbres : la Statue de la Liberté et le sommet de l’Empire State Building, ou tout du moins leurs versions de carton-pâte reconstituées en studio ! Une scène avec les 3 Kryptoniens échappés de la Zone Fantôme fut également filmée à Chobham Common dans le Surrey (East Huston, Idaho dans le film), tandis qu’une autre séquence a nécessité le voyage jusqu’à Sainte-Lucie dans les Caraïbes.
Les séquences principales tournées en décor réel sont celles qui ont lieu aux chutes du Niagara, côté canadien, ce qui permet de voir la rivière se jeter en contrebas. En effet, la rivière et les chutes ont la particularité d’être « coupées en deux » et de servir de frontière naturelle entre USA et Canada.
Dans la scène, on peut longuement voir les Chutes du Fer-à-Cheval (Horseshoe Falls) lorsque Lois et Clark sont en reportage, bien que la journaliste intrépide soit plus intéressée par la ressemblance frappante – qu’elle vient seulement de remarquer – entre son collègue et le super-héros. C’est de là que vous pouvez descendre à pied pour visiter l’envers des chutes au plus près (attention, ça mouille – j’ai gardé le poncho jaune en souvenir !). C’est le Table Rock Center qui devient le Honeymoon Haven Hotel pour le film, stand à hot-dogs en prime.
Lorsque Lois se jette à l’eau, persuadée que Clark/Superman viendra la sauver, la scène se passe au niveau du White Water Walk, toujours côté canadien. On aperçoit le pont Whirlpool Rapids en arrière-plan.
Pour finir, la Tour Skylon offre depuis 1965 une vue panoramique sur les chutes et sur la ville touristique qui s’est construite tout autour de l’attraction.
Côté américain, si vous n’avez pas le mal de mer, un bateau touristique vous emmènera vous confronter aux chutes et à ses remous, c’est le fameux « Maid of the Mist » dont le premier bateau embarquait déjà des touristes au milieu du 19ème siècle.




La rivière Niagara et les chutes vues du côté américain (Goat Island) en 1999
La ville a bien changé depuis le tournage du film, on ne compte plus les attractions touristiques, enseignes lumineuses, hôtels et casinos qui ont poussé comme des champignons, dénaturant irrémédiablement le côté naturel de ce lieu unique.
Vous pouvez retrouver toutes les images tirées du film Superman II dans la rubrique Galerie de photos du site.
Photos : @Simply.Mad 1999 et 2018 (et captures du DVD de Superman II, Warner Bros. 2006)