
Nous recevons aujourd’hui la visite du fan N°1 de Goldorak en Belgique (c’est moi qui le dis) qui a eu la gentillesse de partager sa passion avec nous à l’occasion de l’exposition consacrée au robot géant à Paris.
Je laisse donc la parole à l’ami Massimiliano Parisi, bienvenue à lui !
Qui aurait cru que cette série animée connaîtrait un succès populaire aussi phénoménal dans certaines régions d’Europe (et au Moyen-Orient) ?
Réalisée et produite en 1975 par Toei Animation, la série UFO ROBO GRENDIZER est tirée du film Uchū Enban Daisensō (« La Grande Bataille des Soucoupes Volantes »), créé par un pool d’auteurs de la Toei et dont la paternité est finalement attribuée à Go Nagai (paternité quelque peu contestée mais c’est une autre histoire). Nagai viendra changer le design du robot et des personnages (pour notre plus grand bonheur – fallait voir le design initial de Roboizer et Gattaiger) et il est décidé d’intégrer Grendizer dans ce qui devint donc la trilogie Mazinger.
La série animée Goldorak, contrairement à la croyance populaire, a bien connu son petit succès sur les ondes télévisées japonaises (ayant à peu près le même taux d’audience que Great Mazinger), mais les jouets ne se sont pas aussi bien vendus qu’espéré par le fabricant Popy/Bandai.
Le choc Goldorak
3 juillet 1978. Une onde de choc médiatique retentit dans le coeur des enfants de France, de Belgique, de Suisse ou encore d’Italie. Pour le lancement de sa nouvelle émission à destination de la jeunesse Récré A2, la deuxième chaîne de télévision de France ANTENNE 2 diffuse, pour la première fois, un dessin animé d’un nouveau genre, un « anime » japonais mettant en scène un robot géant piloté par un vaillant prince de l’espace.
Goldorak débarque sans crier gare sur les écrans de télévision, changeant à jamais le paysage audiovisuel français et traumatisant – positivement – les têtes blondes de l’époque qui ne se sont jamais véritablement remises de ce choc visuel, encore 43 ans plus tard.
En son temps, les programmes pour enfants diffusaient des dessins animés en provenance des Etats-Unis, d’Italie ou de France : les enfants de l’époque étaient ainsi biberonnés aux dessins animés de Walt Disney, Hanna Barbera ou encore aux Shadoks. Alors, quand un robot géant japonais débarque sur les écrans de télévision avec ses couleurs vives, ses combats de méchas, sa musique tonitruante, ses messages écologiques, ses histoires évoquant la guerre, la bombe atomique ou encore le sacrifice et mettant en scène des personnages matures et attachants, le tout avec une réalisation soignée et novatrice (pour l’époque), c’est le choc le plus complet.
Les enfants avaient l’impression qu’avec cette série, on leur parlait sérieusement et on ne les prenait pas pour des idiots. Tous les gamins, sans exception, en parlaient en cours de récré, se précipitaient pour rentrer chez eux pour ne pas rater un seul épisode (eh oui, le replay n’existait pas en ce temps-là), dévoraient les BD TéléGuide et suppliaient leurs parents de leur offrir le superbe Shogun de 60 cm de chez Mattel ou encore le Chogokin de Popy (devenu Bandai), à savoir le fameux Goldorak et sa soucoupe porteuse. Un jouet dantesque pour les gamins en 1978 !
Et dire que Jacqueline Joubert, directrice des programmes jeunesse de l’époque, n’était pas très emballée par ce Goldorak qu’elle jugeait assez laid et pas approprié pour le public jeunesse. La série, ayant été importée par Jacques Canestrier (ou Bruno-René Huchez, chacun ayant sa version des faits) parce que peu chère (20.000 FF l’épisode alors qu’un dessin animé français se vendait 30.000 FF la minute), ce dernier eu les plus grandes difficultés pour la mettre à l’antenne. Le doublage étant déjà en route, il semble que Jacqueline Joubert s’est retrouvée coincée et quelque peu poussée à diffuser la série malgré tout. Elle décida donc de la diffuser lors de la première émission de Récré A2, en plein été, pensant que cet anime en resterait là, l’été n’étant pas propice aux grands succès d’audience. Manque de bol pour elle et hasard de la météo, cet été 1978 fut un des plus pluvieux que la France ait connu, ce qui força un peu les parents à laisser leurs enfants devant la télévision.
Dans les années 70, la France n’avait que 3 chaînes nationales, le choix des programmes était donc par la force des choses assez réduit, si bien que le succès de Goldorak fut fulgurant, allant jusqu’à réaliser, comme le veut la légende, à peu près 100 % de parts d’audience ! Du jamais vu en 78 !





Photos @Massimiliano Parisi, exposition Goldorak Xperienz à Paris (2021)
Le succès fut donc phénoménal et Canestrier/Huchez cédèrent les droits des produits dérivés à qui voulait mettre sur le marché son produit estampillé Goldorak. C’est ainsi que furent mis en vente des lunettes, mouchoirs, T-shirts, chaises longues, lampes, masques, taille-crayons, etc. à l’effigie du robot cornu.
Le disque du générique chanté en français par Noam, interprète du second générique diffusé par Antenne 2, pulvérisa tous les records de vente en écoulant plus de 4.000.000 d’exemplaires (selon certaines sources, bien que d’autres indiquent « seulement » 1.353.000 disques vendus), étant plusieurs fois disque d’or et restant à ce jour parmi les singles/45 T. les plus vendus en France, toutes catégories confondues ! Ce sont d’ailleurs ces ventes qui firent la fortune d’Haïm SABAM, à l’origine de son empire médiatique (donc, peut-être que sans Goldorak, il n’y aurait jamais eu les Power Rangers, qui sait…).
La série animée connut même une sortie au cinéma via une compilation d’épisodes, pour le plus grand bonheur des enfants et au détriment des parents obligés d’accompagner leurs bambins dans les salles obscures 😉
Les éditions Télé-Guide sortirent des bandes dessinées tirées des « fumetti » italiens; les dessins étaient bâclés mais cela n’empêchait pas les jeunes de se précipiter sur ces BD. Les pays francophones eurent droit à une revue hebdomadaire (puis bimensuelle), à des bandes dessinées souples et cartonnées, à des éditions de poche, des romans illustrés ou encore des romans de la bibliothèque rose ! Bref, il y en avait pour tous les goûts. Dans des dessins plus soignés, Goldorak apparaissait aussi dans la superbe revue Télé-Junior (1977-1983).
Le robot géant était donc partout ! Goldorak devint une icône incontestée de toute une génération et ouvrit la voie à la « japanimation » sur le territoire français.
Conspuée par la critique qui ne comprenait pas le phénomène auquel elle faisait face – on évoquait la violence et un journaliste alla même jusqu’à comparer Goldorak à Hitler (!) – la série fit la une de nombreux journaux dont une très célèbre couverture de PARIS-MATCH aujourd’hui fort recherchée par les collectionneurs du robot de l’espace. C’est dire l’importance qu’avait cette série animée à l’orée de sa gloire dans les années 80.
Les années passèrent et, dans la décennie qui suivit, l’enfant qui avait connu Goldorak était devenu adolescent. Les années 90 n’étaient pas une période glorieuse pour les fans et geeks de la pop culture, étant généralement considérée comme une sous-culture et montrée du doigt par certains. Cela valait aussi pour Goldorak : l’adolescent fan du robot n’était plus très bien vu… Ceci étant, la série continuait son bout de chemin via les nombreuses rediffusions sur les diverses chaînes de télévision, mais les produits dérivés se raréfiaient.





Photos @Massimiliano Parisi, exposition Goldorak Xperienz à Paris (2021)
Les années 2000 virent le développement exponentiel de la pop culture et de la culture geek. Les enfants d’alors étaient devenus de jeunes adultes entrant sur le marché du travail et ayant un pouvoir d’achat.
L’effet nostalgique fit qu’au fur et à mesure, les années 80 revinrent à la mode et de plus en plus d’auteurs et acteurs médiatiques firent des références au robot d’Euphor au travers de diverses œuvres (à titre d’exemple, le groupe IAM, Alain Chabat dans le film Didier, Khad et Olivier, DJ Daddy K et son tube Do You Speak Martien, etc.). Goldorak était donc devenu cette madeleine de Proust qu’on adorait évoquer car elle nous rappelait une tendre jeunesse insouciante et un choc culturel immense de nos jeunes années.
La décennie vit apparaître de nouveaux produits dérivés consacrés au robot de Go Nagai. Bandai sortit un formidable jouet dans sa gamme Soul of Chokogin (le GX-04). De plus en plus d’éditeurs se mirent à sortir leurs versions du robot géant jusqu’à ce jour, ce qui suppose que Goldorak représente toujours un excellent marché à travers le monde.
Certaines revues (dont AnimeLand avec un excellent numéro spécial consacré à Go Nagai) consacrèrent des unes au robot japonais et l’éditeur belge Dybex sortit pour la première fois les mangas de Nagai/Ota en version française. On le vit encore apparaître de manière discrète en guest dans certains mangas (Mazin saga, Devilman v Hadès, Mazinger Zero…) et jeux vidéos et, de son côté, Nagai tenta un reboot étrange mais pas dénué d’intérêt avec son Grendizer Giga en 2014.
High Dream devenu HLPro obtint la licence auprès de Dynamic Planning, la boîte de Go Nagai, et participa ainsi à la visibilité continue de Goldorak sur le marché des produits dérivés depuis maintenant 20 ans, bien que proposant des produits de piètre qualité. Les figurines consacrées au robot géant se sont multipliées au fil des années (mention spéciale au magnifique King Arts sorti il y a quelque temps) et envahissent de plus en plus les étalages des grandes surfaces et des magasins spécialisés.
Amora a même ressorti des verres à moutarde à l’effigie de Goldorak (ce qui a donné des posts hilarants sur les groupes Facebook où les « fans » se déchiraient pour en avoir et d’autres pour les revendre à prix d’or), Hachette sort sa collection de Grendizer à construire soi-même, Black Box ressort les mangas d’origine et la galerie Sakura sur Paris lui consacre deux expositions d’art, rien que ça !
Les produits dérivés se vendent d’ailleurs toujours bien, malgré l’ancienneté de l’anime et l’absence totale de nouveau projet en anime sur le personnage. Pas de doute, notre robot favori est bien revenu sur le devant de la scène et reste présent dans le coeur de tous les fans francophones !
Et en 2021 ?
Mais qu’en est-il de cette année 2021 ? Si l’année restera connue comme l’année post-COVID, il n’en demeure pas moins que c’est aussi l’année Goldorak où les médias n’auront jamais autant parlé du « Super Robot » japonais.
C’est bien simple : il est partout ! Mais qu’est-ce qui justifie cet actuel engouement ? Trois choses : des timbres, une nouvelle BD et une exposition.
La Poste Française décide donc d’éditer des timbres nationaux à l’effigie de Goldorak et les distribue sur l’ensemble de son territoire. De son côté, l’éditeur Kana, dans sa collection Kana Classics, sort une bande dessinée française sobrement intitulée Goldorak, adoubée par Nagai himself et qui s’avère être la suite officielle du dessin animé. Le projet pharaonique est confié à pas moins de cinq auteurs français (Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac et Guillo) qui étaient tous parmi ces enfants de 1978 qui ne manquaient aucun épisode de Goldorak lors de sa diffusion à Récré A2. Les enfants admiratifs d’hier sont devenus des adultes passionnés d’aujourd’hui et offrent un superbe hommage à leur dessin animé d’antan, ayant mis pas moins de 5 ans à se concrétiser ! Le succès est au rendez-vous : les critiques sont unanimement positives et les ventes décollent de manière fulgurante, l’édition collector s’étant retrouvée épuisée dès son lancement.
L’exposition Goldorak de Paris
Le point d’orgue de cette année 2021 est sans conteste la reconnaissance actuelle que reçoit Goldorak avec la tenue d’une exposition entièrement consacrée à la carrière du robot de l’espace à la Maison de la Culture du Japon à Paris intitulée Goldorak Xperienz. L’exposition immersive a eu lieu du 15 septembre au 30 octobre 2021 et pourrait devenir itinérante. Le succès était à nouveau au rendez-vous, l’exposition ne désemplissant pas et démontrant à quel point le robot a toujours une place de choix dans le coeur des Francophones.
Cette exposition se situe dans le cadre du 45ème anniversaire de la création de Goldorak, en accord avec Dynamic Planning et Toei Animation, et faite à l’initiative de Prime Prod qui a « décidé, tout au long de l’année 2021, de proposer de multiples événements qui inviteront à redécouvrir l’une des plus grandes icônes de la Pop Culture, tout en célébrant le lien culturel fort entre la France et le Japon. » (description tirée du site internet).
L’exposition s’est tenue sur 450 m² et se divisait en plusieurs zones (le Ranch du Bouleau Blanc, le Camp de la lune noire, le Centre du Professeur Procyon et Euphor), chacune de ces zones mettant en avant un aspect de l’animé. Etaient ainsi visibles de nombreux produits dérivés d’époque (tels qu’évoqués ci-avant) et d’aujourd’hui, de nombreux croquis préparatoires, des fiches informatives, des décors créés spécialement pour l’occasion (notamment les personnages en stand-in par l’artiste Alexis Tallone, quelques hologrammes, un Goldorak « animé » ou encore le siège d’Actarus) et aussi des oeuvres originales créées par des artistes fans et confirmés (ZeMial, Jean-Baptiste Roux, Luca Papeo…). De nombreuses figurines (dont celles évoquées plus haut) y étaient aussi exposées. Chacun pouvait y trouver à son goût.
L’exposition durait entre 30 et 45 minutes, selon le rythme de chacun. Faite par de vrais passionnés désirant rendre un hommage vibrant au héros d’acier, l’exposition valait le coup d’oeil pour chaque fan du personnage.
Notons qu’à quelques pas de là, au Musée du Quai Branly, se tenait une autre superbe exposition consacrée aux arts martiaux à travers l’histoire intitulée « Ultime Combat ». Et devinez qui apparaît en fin d’exposition avec toute une partie consacrée aux robots géants ? La visite vaut le coup d’oeil aussi pour l’impressionnante collection de robots chogokin des années 70-80 (c’est bien simple, ils sont quasiment tous là! – l’auteur de ces lignes en est jaloux). Cette exposition était donc le compagnon complémentaire idéal à la Goldorak Xperienz !
La Goldorak Xperienz s’est terminée en apothéose avec une soirée Retro Night animée par Manu Levy et Florian Gazan au Grand Rex à Paris. Sur scène se trouvait un orchestre reproduisant certaines musiques de Shunsuke Kikuchi. Les spectateurs ont eu droit également à un petit concert avec les interprètes des génériques français de la série animée (Enriqué, Noam, Jean-Pierre Savelli, Michel Barouille et Bernard Minet), à la présence de Pierre Guillermo (voix française d’Alcor) et à la diffusion de 3 épisodes (Goldorak contre Great Mazinger, Vaincre ou Périr et Ce n’est qu’un Aurevoir). L’ambiance semblait y être survoltée.
Oui, décidément, encore aujourd’hui le robot et son pilote restent très ancrés dans la culture populaire et le duo risque bien de rester encore une icône populaire pour les années à venir.
D’autres expositions à découvrir ici.
Photos et textes : @Massimiliano Parisi 2021
Bonjour
Moi et mon epouse sommes allés à l’exposition et la soirée Goldorak GÉNIAL, merci beaucoup pour ce reportage, je voudrais savoir ou puis je me procurer les photos ou video qui à été filmé sur la file d’attente lors de la soirée Goldorak car ma femme et moi ont été filmées où photographié, je souhaiterais l »offrir à ma femme pour Noël ( elle l’avait un tee shirt Candy)
Restant à votre entière disposition
Merci infiniment
Prenez soin de vous
Amitiés sincères
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Bonjour et merci pour votre message ! Pour les photos prises par d’autres visiteurs de l’expo (si j’ai bien compris le sens de la question), je pense que vous pouvez tenter de faire appel aux groupes Facebook consacrés à Goldorak (il y en a beaucoup en français). Bonne chance !
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