Le Musée Méliès : immersion dans la magie du cinéma

Portrait de Georges Méliès

Quel est donc l’homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?

Georges Méliès

La Cinémathèque française a eu l’idée géniale de réunir les objets issus de ses collections en rapport avec l’œuvre du père de la fantaisie visuelle au cinéma, Georges Méliès, et de créer un musée dédié à ses films et inventions, et à l’influence qu’il a eue sur les générations de cinéastes qui l’ont suivi.

Si vous avez déjà visité la Cinémathèque de Paris par le passé, vous êtes familier de certains de ces objets (costumes, affiches) qui étaient présentés au sein de l’ancien musée à l’étage de la Cinémathèque. Complètement repensé, avec un habillage flambant neuf et un nouveau parcours didactique, le Musée Méliès a ouvert ses portes en 2021 et présente ces objets de la plus belle des manières, rendant le tout accessible autant aux fans passionnés qu’aux enfants et aux adultes curieux de connaître l’évolution des effets spéciaux au cinéma.

Les lanternes magiques, inspiration de Méliès, et deux costumes portés dans ses films.

Des dizaines d’objets (maquettes, dessins préparatoires, affiches de films) nous content l’histoire du cinéma de Méliès, le magicien du 7ème art dont malheureusement seuls quelques-uns des courts métrages sont parvenus jusqu’à nous (sur une production de près de 600 œuvres).

Comment devient-on le précurseur de la science-fiction au cinéma ?

Illusionniste de cœur, le jeune Méliès devient le directeur du théâtre Robert-Houdin à Paris en 1888, du nom du plus célèbre prestidigitateur français du 19e siècle qui était aussi l’inventeur d’automates célèbres dans le monde entier. Le grand Harry Houdini choisira d’ailleurs son nom de scène en hommage à Houdin.

Méliès découvre le Cinématographe des frères Lumière en 1895 et adopte très rapidement les possibilités offertes par ces « images qui bougent » pour ses spectacles sur scène, avant de se lancer dans des tableaux féériques diffusés sur grand écran dans lesquels il joue avec les trucages (il invente sans doute le fondu et la surimpression), figurant ainsi comme le précurseur des effets spéciaux. Les Lumière ont dû cruellement regretter de ne pas avoir accepté de lui vendre leurs brevets puisque Méliès s’est tourné vers l’Isolatographe des frères Isola concurrents. Méliès fait construire en 1897 à Montreuil le premier studio de cinéma en France, le studio Star Film.

Il a réalisé en 1899 le premier film politique avec L’ Affaire Dreyfus ; son chef d’œuvre incontesté, Le Voyage dans la Lune, est présenté en 1902 (dont la version originale est en couleur, peinte à la main, image par image) ; et parmi les autres petites histoires parvenues jusqu’à nous, on peut citer le facétieux Homme à la tête en caoutchouc (1901) et les précurseurs Le Voyage à travers l’impossible (1904) et À la conquête du Pole (1912).

Artiste avant tout (il dessinait ses trompe-l’œil) et piètre commercial, il se frotte au terrible inventeur et industriel Thomas Edison et doit plus tard revendre à Pathé les droits de diffusion de ses films afin d’éponger ses dettes. La Première guerre mondiale verra la fin de son studio transformé ensuite en théâtre (dans un retour aux sources) et les créanciers auront finalement la peau de son envie de créer. Il finit sa vie en vendant jouets et bonbons dans une boutique de la gare Montparnasse avant d’être sorti de l’oubli peu avant sa mort. La nouvelle génération de cinéastes a découvert son œuvre, Méliès reçoit la Légion d’honneur en 1931 avant de s’éteindre un an plus tard.

C’est à Henri Langlois, le fondateur de la Cinémathèque française, que l’on doit la conservation et la restauration des quelques films de Méliès encore en circulation dans les années 1930. Ce n’est donc que justice que le lieu accueille enfin le Musée Méliès plus d’un siècle après que le cinéaste-inventeur ait raccroché les gants.

Martin Scorsese a rendu un très bel hommage à Georges Méliès en adaptant au cinéma en 2011 le roman L’ Invention de Hugo Cabret de Brian Selznick, où l’on retrouve un Méliès âgé (interprété par Ben Kingsley) dans sa boutique de la gare Montparnasse.

Affiches et maquettes de films; Affiche et dessins préparatoires des costumes de Peau d’Âne de Jacques Demy.

La suite de l’exposition permanente nous transporte encore dans les pas de réalisateurs ayant œuvré dans le genre fantastique ou de science-fiction, de Jean Cocteau à Jean-Pierre Jeunet, en passant par Jacques Demy et Fritz Lang, en fils spirituels de Méliès. Des accessoires de tournage, des dessins de production, des extraits diffusés tout au long du parcours nous plongent ainsi dans l’histoire du cinéma.

Découvrir les expositions temporaires de la Cinémathèque française.

Photos : @Simply.Mad 2021

Publié par Simply.Mad

Geek, cinéphile, fan de science-fiction et de bande dessinée. Aime un peu trop le chocolat.

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